Le dernier jour du Nice Jazz Fest propose un programme aussi varié qu’alléchant. Du jazz funk caribéen et urbain de Monsieur Mâlâ à la Jazz Celebration où plus de vingt musiciens se succèdent sur la scène en passant par la jeune chanteuse Ekep Nkwelle et le très attendu nouveau quintet du contrebassiste Avishai Cohen. Une belle palette du jazz actuel.
Les cinq musiciens de continuent de promener leur projet Monsieur Mâlâ sur les scènes d’Europe. Nicholas Vella (claviers)
Swaéli Mbappé (basse), Yoann Danier (batterie),
Robin Antunes (violon, mandoline) et Balthazar Naturel (saxophone, cor anglais). C’est par « Storyteller » qu’ils débutent le set. Ils sont de véritables raconteurs d’histoires en mode jazz teinté d’un brin d’électro et de groove ! Un répertoire cosmopolite où leurs origines, Guadeloupe, Liban, Sicile, Afrique côtoient leurs bases classiques et jazz. Il n’est pas fréquent d’entendre un chorus de cor anglais ni un duo mandoline électrique-sax ténor
dans un concert de jazz et pourtant, ils s’intègrent parfaitement à leurs compositions. Ils finissent, comme un retour aux sources, par leur premier single, le très enlevé « Misemo » paru en 2020. Un excellent début de soirée, belle entrée en matière.
Place à une nouvelle venue dans le monde du jazz vocal, la chanteuse Ekep Nkwelle.
Originaire de Washington DC, elle poursuit sa carrière à New York puis sur les scènes européennes. Elle a été formée au gospel dans les églises, avant de glisser vers le jazz et cela s’entend. Elle est entourée d’un trio, mené par l’excellent pianiste Julius Rodriguez,
(découvert ici même en 2023). On revient aux bases du swing, de la tradition, des grandes dames du jazz, Ella, Abbey Lincoln. Elle dit avoir pour modèle Dee Dee Bridgewater, belle référence, mais sans pour autant faire du « à la manière de ». Ekep a déjà une personnalité bien affirmée, on ne chante pas dans le big band de Wynton Marsalis impunément. L’émotion est grande quand elle fait un duo avec son pianiste ou qu’elle remercie sa maman assise juste devant dans le public.
Avishai Cohen, qui entre en scène, n’a plus rien à prouver tant le public répond présent à chacune de ses venues dans la région mais nous sommes tout de même impatients de découvrir son nouveau groupe avec saxophone et trombone, sans Roni Kaspi.
Et, pour beaucoup, pas de déception. Il est toujours autant en symbiose avec son instrument, qu’il caresse, regarde, tapote. Il semble danser avec et même vouloir l’embrasser par instants.
Les deux soufflants font corps avec le trio. Le pianiste Itay Simhovich a toujours ce touché si palpable entre orient et occident.
Cependant, l’impression par moments que ce projet est encore en gestation, opérationnel mais pas complétement abouti. Ce que les passages en trio classique confirment. Un grand moment néanmoins.
Final en apothéose avec cette Jazz Celebration sous la houlette de China Moses. Un big band au complet (The Amazing Keystone). Piano, basse ou contrebasse, batterie et des solistes à foison. Guitare (Hugo Lippi) saxophones (Jeanne Michard et Géraldine Laurent), piano (Giovanni Mirabassi) trompette (Ludovic Louis)
et quelques chanteuses et chanteurs pour fêter le jazz. Robin McKelle,
Hugh Coltman, Pablo Campos..
Place au swing et aux standards « Birdland », « Take Five », « Georgia On My Mind », « Cantalopue Island » et d’autres pendant plus d’une heure et demi avant un after qui fera date.