Chronique : « Hejira » a 40 ans

Album révolutionnaire s’il en est, et seul disque à ma connaissance à compter dans son personnel à la fois Jaco Pastorius et Neil Young, « Hejira » est le huitième album studio de Joni Mitchell, sorti en décembre  1976. Le titre de l’album est une translittération du mot arabe « hijra », en français, hégire, qui signifie « voyage ».

L’album a été composé par Joni Mitchell durant trois voyages entre son Canada natal, le Maine et Los Angeles entre fin 1975 et le début de 1976.  Elle conduisait (sans permis !) la journée, et écrivait le soir dans les chambres d’hôtel, restant éveillée grâce à la cocaïne  dont elle était à l’époque une fervente utilisatrice.

Joni revenait d’une tournée avec la Rolling Thunder Revue de son ami Bob Dylan, et venait de faire la connaissance du bassiste Jaco Pastoriusdont la basse magique illumine 4 titres de l’album. C’est peut-être pourquoi cet album représente la première véritable réussite artistique et commerciale (le disque fut certifié « Disque d’Or « ) d’un courant qu’on pourrait appeler « Folk – Jazz » ou « Jazz-folk » qui avait auparavant été illustré, mais avec moins de succès public, par des gens comme Tim Buckley   ( » Happy Sad  » ) ou Van Morrison ( « Astral Weeks  » )

Les musiciens de Jazz sont d’ailleurs nombreux sur les neuf titres de l’album. On y trouve des gens comme  le guitariste Larry Carlton, le contrebassiste Max Bennett, le batteur John Guérin (compagnon de Mitchell à l’époque), la percussionniste Bobbye Hall, et le saxophoniste Tom Scott, qui représentaient l’élite des musiciens de studio de la Côte Ouest à l’époque.

La compositrice, musicienne, chanteuse, poétesse et peintre canadienne (!) signe ici un véritable chef  d’oeuvre. Mitchell a dit elle-même de son album : « Tout l’album Hejira était réellement inspiré… J’ai écrit tout l’album en traversant le pays toute seule et il y a cette impression de manque de repos tout du long… La douce solitude du voyage en solo… »

Illustré par une magnifique couverture réalisée par le photographe Norman Seef, ce disque fut une révélation pour beaucoup, en particulier pour un certain Herbie Hancock  qui collaborera souvent avec Mitchell par la suite, et finira par lui dédier un album entier (« River : the Joni Letters). Joni, quant à elle, s’aventurera par la suite encore plus en avant sur les terres du jazz, collaborant avec des gens comme Wayne Shorter ou Charles Mingus, à qui elle dédia un album éponyme, mais la réussite totale de « Hejira«  ne fut jamais égalée.

40 ans après, pas une ride. Un sommet.

www.jonimitchell.com

Ecrit par Gilbert D'Alto

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