#Edito : Musique en danger

A l’heure où nous mettons sous presse, le paysage musical de notre région et de la France en général, présente des signes d’inquiétude. Le monde de la musique, et du jazz en particulier montre des signes de faiblesse alarmants. La pandémie, et les deux confinements qui en ont résulté, ont gravement touché les musiciens, et les petites institutions associatives.

De nombreuses structures, ont dû fermer leurs portes, et celles qui ont survécues sont en piteux état. Absence de public, réduit souvent à une poignée d’aficionados, donc de rentrée d’argent, démotivation des audiences, investissement au point mort, ou réduits à leur portion congrue, le paysage présente une vision inquiétante. Certes, de nombreux musiciens ont pu travailler de nouveau l’été dernier, et ont eu l’opportunité de présenter leur musique à un public venu nombreux, souvent grâce à la gratuité des spectacles. Les collectivités locales ont réussi à produire des spectacles de qualité et populaires. Les grands festivals ont pu avoir lieu, même si les conditions d’accès étaient limitatives (nombres de place, masques, tests, etc.). Néanmoins les événements se sont multipliés, les rencontres ont eu lieu, et le public était présent.

Mais maintenant ? A l’heure où se ferment, petit à petit, les établissements musicaux et où « la bise fut venue » comme disait La Fontaine, que faire et où ? Qui peut se permettre d’accueillir des structures indépendantes, et leurs exigences, qui sont souvent très mesurées ? 

Si les municipalités jouent en partie le jeu, s’associant à des associations indépendantes pour produire des spectacles, il faut reconnaître qu’elle se gardent souvent la part du lion, et que les associations doivent souvent se contenter des miettes… De même les publications comme la nôtre doivent compter sur la publicité et les aides à la presse pour réussir à subsister. L’heure est donc grave pour les indépendants qui ne veulent pas se soumettre aux dures lois du marché.

A ce compte-là, d’où peut venir l’espoir ? Une aide substantielle des pouvoirs publics serait sans doute nécessaire, mais pas seulement. Il faut que les gens retrouvent le goût de la fête, de la musique, de la convivialité… Et quel dénominateur commun s’y prête mieux que la musique, et celle de jazz entre toutes ? Il faut absolument que chacun participe à cet effort commun de redécouverte, de curiosité… Après de longs mois de confinement, les habituels amateurs de spectacles vivants sont démotivés. Les théâtres et salles de concert fonctionnent à seulement 33% de leur capacité. Ces chiffres alarmants (fournis par France Info) démontrent l’étendue de la crise. Pourtant les forces vives de la musique sont aux rendez-vous, musiciens, producteurs, photographes, agents, sont sur le pied de guerre, comme le dernier Jammin’ Juan l’a démontré en attendant avec impatience la brise salvatrice. D’où viendra-t-elle ? Certainement pas des grosses maisons de production ou des institutions, mais plutôt des petites structures, moins engoncées par les charges et les devis. Encore faut-il qu’elles aient les moyens de travailler. Or, les promoteurs indépendants ont de moins en moins les possibilités de travailler, de produire, de faire découvrir « en concert » de nouveaux artistes. Une crise de la production indépendante due à la pandémie.

Mais ne baissons pas les bras, comme ce numéro du Jazzophone essaie de le démontrer, le jazz est vivant et bien vivant ! les jeunes ou moins jeunes artistes sont présents et fourbissent leurs armes. Nous sommes toujours là et entendons bien y rester. En route pour de nouvelles aventures !

Ecrit par Gilbert D'Alto

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