Hot Clubs

Cela peut paraître étrange maintenant que tout ce qui a été un jour enregistré ou filmé est immédiatement disponible sur le « net », mais il fut un temps, pas si lointain, où le Jazz, musique à l’origine essentiellement américaine, rappelons-le, était très peu diffusé.

Quelques rares initiés commandaient alors des 78 tours dont ils ne savaient presque rien, et qui n’arrivaient qu’au bout de plusieurs semaines. Certains parmi les plus fous (et les plus fortunés…) traversaient même l’Atlantique, y découvrant des artistes inconnus ou retrouvant des stars oubliées qu’ils s’efforçaient de réhabiliter. Hugues Panassié (1912-1975) fut de ceux-là. Qu’il en soit loué, d’autant plus qu’il fut aussi à l’origine de la création, dès 1932, du « Hot Club de France », et, qu’en 1935, il fondait avec Charles Delaunay (1911-1988) « Jazz Hot » le premier magazine au monde consacré au Jazz (et qui existe encore sous forme numérique). Jusque dans les années soixante, les « Hot Clubs » un peu partout dans le pays (à Nice, c’était rue Dalpozzo chez le disquaire Pierre Vora) organisaient écoutes et échanges de disques, conférences, et concerts donnés par les musiciens les plus imprégnés par cette musique encore, et somme toute, assez mystérieuse… C’était une sorte de société secrète… vouée exclusivement au culte du jazz traditionnel.

Étonnamment, loin des circuits commerciaux, quelques-uns de ces « clubs » sont encore actifs aujourd’hui.  À Sainte-Maxime au Café de France ou au Café Bleu à Golfe-Juan, par exemple, chaque semaine, quelques aficionados largement sexagénaires (voire plus…), totalement « addicts » et souvent très avertis (au point de demander parfois aux musiciens de rejouer une « coda historique » ou une intro « exceptionnelle »), se retrouvent pour écouter des musiciens « de leur âge » qui reprennent (souvent avec brio), les « tubes » de leur jeunesse.

Le répertoire allant de Jelly Roll Morton à Duke Ellington en passant par Louis Armstrong, Sidney Bechet, Clarence Williams, ou Benny Goodman, le nom des orchestres évoque souvent : la Louisiane, le Swing, le Stomp, le Blues ou… New Orleans, tout simplement. À la fin de chaque soirée, auditeurs et musiciens, ont bien du mal à se quitter, et tels de redoutables conspirateurs révolutionnaires, échangent photos d’époque, références de rééditions de disques, de livres rares, et de sites internet. Gageons que dans quelques années les adeptes de Monk, Mingus, Ornette, Coltrane et Miles en feront tout autant.

Ecrit par Daniel Chauvet
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