Jazz et Polar : Un détective sans fausse note !

Un détective sans fausse note !

moody birdLe personnage de Bill Moody s’appelle Evan Horne et il est pianiste de jazz. Mais, la musique, cela occupe les soirées, comme chacun sait. Donc, entre deux répétitions, Horne enquête et a un autre métier, détective privé.

Ses investigations restent dans le milieu musical, et la notoriété qu’il acquiert petit à petit incite des flics ou des amis à lui demander son aide. Plusieurs aventures ont été publiées aux États-Unis mais seulement deux livres ont été traduits en France. Dans le premier roman, on découvre le détective en Californie. L’inscription « Bird lives! » sur le miroir  d’un saxophoniste retrouvé assassiné va le pousser non seulement à chercher l’assassin mais à se replonger dans les enregistrements et la vie du mythique Charlie_Parker. Surtout que d’autres assassinats de musiciens semblent indiquer que le meurtrier pourrait être un fondu de jazz.

Qui sait s’il ne fréquente pas l’église de John Coltrane à San_Francisco où l’on peut lire ses mots : « Ma musique est l’expression spirituelle de ce que je sais, de ce que je crois et de ce que je suis. » Autre grand mythe, Chet Baker a fini sa vie à Amsterdam, son corps fut retrouvé sur le trottoir en dessous de la chambre qu’il occupait au Prins Hendrik Hôtel. L’aventure suivante mènera donc Evan Horne dans la capitale hollandaise. Un de ses amis, qui voulait écrire une biographie du célèbre trompettiste disparait soudainement. Se pourrait il que l’on est assassiné le musicien, et éliminer un écrivain venu fouiner ? Chet Baker était un junkie, et il fréquentait forcément des dealers et des trafiquants. Horne va donc tenter de reconstituer les derniers jours de celui-ci.

chet moodyBill Moody partage sa vie entre l’écriture et la musique, il est batteur de jazz professionnel. Et cela se remarque dès les premières pages quand il commence à décrire une des sessions auxquelles participe son personnage. « Après deux chorus, il se joint à moi et nous nous renvoyons la balle, échangeant lignes et contre-lignes comme si elles avaient été écrites pour nous et répétées depuis des semaines, rebondissant sur les idées du partenaire, les modifiant, les renvoyant sous forme de citations ou repartant de zéro. Puis nous finissons le morceau aussi discrètement que nous l’avons commencé, comme si la mélodie se dissipait dans la brume.». Les concerts se succèdent au fil des pages et l’on est emporté par la virtuosité de l’écrivain à restituer l’atmosphère particulière des clubs tout comme l’ambiance, la connivence qui règne entre les musiciens quand ils oublient le gris du quotidien pour ne plus penser qu’à « dérouler les mélodies » et à enchainer les chorus. Les références aux enregistrements connus, comme «My Favourite Things» ou encore Kind of Blue abondent mais l’auteur américain parle avec passion et talent d’albums moins connus, de morceaux plus rares.  Que le lecteur n’aura de cesse d’aller chercher et écouter avec plaisir.

Bibliographie.
Sur les traces de Chet Baker, Bill Moody, Rivages/Noir, 2004, traduction Jean Paul Gratias
Bird est vivant, Bill Moody, Rivages/Noir, 2010, traduction Stéphane Carn

Pour écouter Bill Moody :
Bells of change, Susan Sutton Trio, CD baby, 2008
Slow hot wind, Dick Conte Quartet, 2006

Ecrit par Corinne Naidet
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