#JAZZ& #LITTERATURE « Master of Trumpet » par Miles Davis

« Écoutez. La plus grande émotion de ma vie – habillé s’entend – a été d’entendre pour la première fois Diz et Bird jouer ensemble à Saint Louis, Missouri, en 1944« . C’est par ces quelques mots que Miles Dewey Davis de Alton, Illinois, commence sa biographie que le journaliste et poète Quincy Troupe a aidé à expulser.

Nous allons cheminer avec le trompettiste de St Louis à New York, de Bird Parker à Marcus Miller, du be-bop naissant au jazz fusion et aux longs silences de Miles dans ses derniers concerts. Mais à l’instar de Mozart, un silence après une note de Miles, c’est encore et toujours du Miles. L’amateur de jazz qui lit cet ouvrage connait déjà certainement la musique de Davis, mais il découvrira l’homme, le compositeur, le musicien, le chef d’entreprise. La franchise de Miles ne le sert pas beaucoup, le portrait qu’il fait de lui au long de ses six cents pages n’est pas très flatteur. Égocentrique, caractériel, il maquereaute (selon sa propre expression) ses petites amies pour se payer son héroïne, il tabasse ses différentes femmes par jalousie ou sous l’emprise de divers stupéfiants. Étrangement, on se rend compte, petit à petit, qu’il n’aime vraiment personne d’autre que lui, à part Dizzy Gillespie et Gil Evans. Un leitmotiv revient en fil rouge, de la petite enfance sur les bords du Mississippi aux derniers moments à Santa Monica, le racisme. Il l’a subi malgré sa célébrité, malgré la reconnaissance du public blanc. Il a lutté contre, souvent en vain, mais sans jamais renoncer.

Venons-en donc au musicien qui a traversé, suivi puis impulsé près de cinquante années de la musique américaine du 20e siècle. Le livre fourmille d’anecdotes concernant tous ceux que Miles a croisé, des plus célèbres. De Billie Holiday à Prince en passant par Hendrix qu’il admirait semble-t-il. La plus croustillante concerne Duke Ellington, je vous laisse la découvrir. Une façon d’aborder cette somme de rencontres, de concerts, de compositions, est de passer par les copieuses dix pages d’index et de picorer, d’Adderley Julian à Zawinul Joe en passant par Dona Lee ou Ava Gardner. On s’attardera sur ses relations compliquées avec Coltrane. Et on admirera, de page en page, le nombre impressionnant de musiciens qui sont devenus des stars après être passés dans l’un de ses nombreux groupes. Passionnant.

Miles. L’autobiographie par Miles Davis avec Quincy Troupe. La petite vermillon. Traduit par Christian Gauffre.

Ecrit par Jacques Lerognon

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