La venue de Jacky Terrasson dans notre région est toujours un évènement car il s’y fait très rare. La Trinquette Jazz Club a dû se délocaliser dans l’auditorium de La Citadelle de Villefranche-sur-Mer. Le pianiste ne vient pas tout seul, il est accompagné par le contrebassiste Sylvain Romano et le batteur cubain Lukmil Perez. On descend quelques escaliers, on rejoint nos places dans cette salle qui semble taillée dans la roche du cap. La scène est petite, la contrebasse touche presque le piano et la batterie. Le Jazzophone est tout ouïe!
Après le petit discours d’usage, les musiciens rentrent sur scène, s’installent. Le premier accord retenti puis vient la mélodie, on se dit tient cet air je le connais, basse et batterie complètent l’impression. Jacky Terrasson se lance dans sa première impro. Patatras, on entend un léger clac et… plus de lumière. Imperturbable, le trio continue sur sa lancée comme si de rien n’était. Quelques spots s’éclairent en lumière jaune, on revoit le groupe, Sylvain Romano esquisse un sourire. Le set reprend son cours normal. Jacky Terrasson semble dans son monde, une main,
un bras s’éloignent du clavier, en l’air, en bas, derrière même, puis reprend sa place. Il n’a pas un jeu académique mais quelle intensité, quelle fougue, quelle invention. Une nouvelle longue intro en piano solo, un regard sous le capot vers le bassiste, qui rentre dans la danse suivit de peu par les baguettes. On reconnait, ou croit reconnaitre, quelques thèmes fameux Besame Mucho, Misty, le très swinguant Solar.
Petit moment surprenant, Jacky se lève et commence à jouer dans le piano, tapant les cordes de ses deux mains, aussitôt imité par Sylvain Romano sur sa contrebasse et bien sûr Lukmil Perez avec les mailloches sur ses toms. Un trio de percussions! 21h24, le pianiste attrape le micro et s’adresse enfin au public, il nous fait écouter le chant d’un oiseau exotique qu’il a capté sur son téléphone. Son ingénieur du son a fait quelques édits et Jacky Terrasson s’est inspiré de ses quelques notes pour sa composition intitulée avec humour Edit (piaf)! Pour chacun des morceaux qu’il a joués, Jacky Terrasson s’empare du thème, de la mélodie, il l’expose puis la destructure pour la faire sienne, à charge pour ses deux compères de le suivre, de l’accompagner sans même toujours savoir où ils vont.
C’est typiquement le cas du morceau final (on ne le sait pas encore). On reconnait le riff du “Come Together” des Beatles, “One thing I can tell you is you got to be free”. Le trio nous entraine quelques minutes dans la musique de John Lennon, très beau solo de basse, retour du riff puis, Jacky Terrasson se lève, c’est fini.
Merci Messieurs.
Le 02/03/25 à La Citadelle de Villefranche-sur-Mer (06)