« Finir en beauté » telle a due être la devise de Jean-René Palacio, directeur artistique du festival , lorsqu’il programma Marcus Miller pour la clôture du Monte-Carlo Jazz Festival 2018, clôture à laquelle se rendit l’équipe du Jazzophone, ravie de retrouver « the bass master of jazz & funk« .
Tout d’abord une première partie assurée par le trio du grand pianiste Eric Legnini, accompagné par ces deux merveilleux musiciens que sont Rocky Gresset (guitare) et Thomas Bramerie (contrebasse) pour une musique toute en finesse et suavité, dans l’esprit d’un Oscar Peterson moderne. Un trio à la richesse musicale rare.
Après un assez long break, c’est autour de la superstar du jazz contemporain Marcus Miller de monter sur scène, accompagné d’une formation compacte (claviers, batterie, ténor sax, trompette) avec dés le premier instant et dés le premier « slap » ce son reconnaissable entre mille, forgé auprès de (entre autres) Donald Fagen, Luther Vandross, Aretha Franklin et bien sur Miles Davis. Une clameur s’ensuit dans l’Opéra Garnier rempli à ras-bord. Il présente les morceaux dans un français sans fautes, se permettant même des jeux de mots (« Sublimité », titre du deuxième morceau) et enchaine avec le très funky « Trip Trap » issu de son dernier album « Laid Black »(encore un jeu de mots), qui donne lieu à un renversant chorus de basse, puis c’est l’arrivée sur scène de Selah Sue, enceinte et radieuse. Le grand monsieur noir et la petite dame blonde attaquent en duo sur « Que Sera sera », composition de Nat King Cole qu’avait également repris Sly Stone, grand inspirateur de Marcus Miller.
Un tournant plus purement jazz avec le morceau suivant « Don’t explain », ballade rendue célèbre par Billie Holiday dans laquelle on peut admirer le jeu de Marcus Miller, qui fait sonner sa basse électrique comme une contrebasse. Changement brusque de ton et d’atmosphère avec une reprise de « Pusherman » de Curtis Mayfield, puis un hommage est rendu à Aretha Franklin, que Marcus Miller a bien connue, avec une interprétation touchante du ‘‘Natural woman » de Carole King. Selah Sue s’éclipse quelques instants, et Marcus empoigne sa clarinette basse pour un long morceau en solo. Puis Marcus nous prévient « On va jouer » Tutu » mais c’est une nouvelle version ». En effet le morceau est désossé et funkifié à souhait, avec un long chorus de trompette, hommage à Miles oblige.
Triomphe ; foule en délire et rappel obligatoire. Marcus et Selah Sue reviennent tout d’abord en duo basse et voix pour le fameux « Ain’t no sunshine » de Bill Withers, et sont rejoints par le groupe pour un « Come Together » final. Une soirée mémorable.
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Photos : Claudio Citarella