Deuxième soirée de cette 5e édition du Peillon Jazz Festival (PJF pour les amis). Mais la première sur la place Arnulf perché à plus de 500 mètres. Un programme de choix qui va faire se succéder des groupes menés par trois générations de musiciens. Matthieu Chazarenc, Henri Texier et Minino Garay.
Tout d’abord place aux jeunes avec le projet « Canto » du batteur Matthieu Chazarenc.
À ses côtés le contrebassiste Christophe Wallemme, le trompettiste Nicolas Gardel et l’accordéoniste Laurent Derache.
Le groupe joue des thèmes extraits de Canto III, troisième déclinaison discographique des aventures du quartet, mais on retrouvera aussi quelques compositions plus anciennes. Une musique colorée où se mêlent des influences jazz, musette mais aussi gasconnes (le sud-ouest d’où est originaire Matthieu Chazarenc – tout comme Nicolas Gardel d’ailleurs). Matthieu Chazarenc aime à varier son jeu, il frappe (ou caresse) ses toms et cymbales avec les mains, les baguettes ou les mailloches mais aussi avec des petits balais artisanaux fabriqué spécialement par son père. Le répertoire s’aventure aussi dans un swing vintage quand la trompette roule
sous une rythmique basse-batterie enflammée avec,
plus tard, un petit détour par l’Afrique Kamkwamba. Des musiques de tous les Sud. En rappel, un invité surprise, le saxophoniste Baptiste Herbin, à peine descendu du train. Ils nous offrent une très belle et émouvante interprétation de « La bohème », cet hymne de Charles Aznavour avec qui ils ont partagé la scène, il fut un temps. Un premier entracte qui permet d’aller se rafraichir et de déguster ce totem du PJF qu’est la socca cuite dans le vieux four municipal par le premier adjoint au maire.
Le deuxième groupe a pris place sous les projecteurs, le nouveau quintet d’Henri Texier son sourire malicieux dissimule fort bien ses 80 ans.
Il est entouré de deux fidèles instrumentistes Sébastien Texier (clarinettes et saxophone),
Gautier Garrigue (batterie) et de deux nouveaux venus dans la petite troupe, Emmanuel Borghi (ex Magma) au piano et Hermon Mehari le trompettiste de Kansas City, désormais parisien. Comme nous l’explique le contrebassiste, ce nouveau répertoire est basé essentiellement sur d’anciennes compositions, peu ou pas joués, auxquelles le groupe va redonner un nouveau lustre, une nouvelle jeunesse. Amazone Blues et Gréve révolte sont les deux premières que le groupe joue et nous sommes immédiatement embarqué dans le voyage musical proposé par les cinq compères. Ils poursuivent par Descent Revolt qui évoque les personnes qui aimeraient se révolter et qui en sont empêchés par les autorités, la morale ou autres. La complicité entre Hermon Mehari et Sébastien Texier fait plaisir à entendre qu’ils jouent ensemble ou en se répondent en de courtes phrases.
Le soutien harmonique d’Emmanuel Borghi donne une présence à la musique du groupe.
Autre moment de complicité entre le jeune batteur et le contrebassiste-chef de bande dans un magnifique duo qui se termine par une cymbale caressée et un clin d’œil du second au premier.
Faisant allusion à la hauteur du village (570 mètres) ou à autre chose, Henri Texier déclare en toute fin de set que c’est le festival le plus high dans lequel il ait joué et qu’ils ont réussi à faire tomber la nuit. Les musiciens quittent la scène, les techniciens effectuent le changement de plateau avec une remarquable efficacité. Le dernier groupe peut prendre place, le Minino Garay Speaking Tango quartet. Cédric Hanriot au piano, Christophe Wallemme revient à la contrebasse et Manu Codjia à la guitare.
Un set de Minino Garay s’est d’abord un spectacle, assis sur son cajon, derrière une batterie minimaliste, le percussionniste argentin va nous raconter, avec son chanté-parlé mêlant espagnol et français, le tango, son histoire, ses héros dont Carlos Gardel pratiquement sanctifié bien que né à Toulouse.
Histoires d’amour tristes ou joyeuses, la toute belle Buenos Aires. Les magnifiques solos de guitares ponctuent souvent ces chansons ou anecdotes parfaitement rythmées par la contrebasse impériale de Christophe Wallemme.
Le saxophoniste Baptiste Herbin arrive sur la scène à l’appel de Minino et d’un certain Carlito pour jouer un très bel arrangement de Smile, le tube de Charlie Chaplin écrit pour son film “Les temps modernes”, au sax et au cajon. Un titre en hommage aux mamans suit,
avant que Nicolas Gardel, Sébastien Texier, puis Gautier Garrigue dans un habile passage de baguettes, rejoignent la petite bande pour un final explosif où les solos se succèdent,
prélude à la jam session qui commence juste après la fin du concert. Peillon Jazz Festival c’est vraiment la fête !
À suivre !