#LiveReport : Festival des Suds en Arles : Leyla McCalla, Souad Massi


C’est en Arles, la magnifique cité romaine des Bouches du Rhône que votre serviteur, envoyé spécial du Jazzophone, se re rendit pour assister à un concert d’une grande originalité, dans le cadre du Festival Les Suds, qui ce soir là méritait bien son nom.

Ce festival des Musiques du monde qui fêtait cette année son 25 ème anniversaire (il existe depuis 1996), conjugue plusieurs composantes: fête populaire, exigence artistique, découvertes et partage d’émotions. Elle étaient pleinement réunies ce soir du 16 juillet. Le Sud était plus que présent avec les deux artistes au programme ce soir là. L’américaine d’origine Haïtienne Leyla Mc Calla ; née à New York dans le Queens, mais désormais résidente de ce creuset musical qu’est la Nouvelle-Orléans, et la franco-algérienne Souad Massi.

Nous entrons donc dans le magnifique Théâtre Antique d’Arles, pour assister à ce concert qui réunit les talent de ces deux artistes féminines et talentueuses. Tout d’abord Leyla McCalla, entourée d’un guitariste, d’un bassiste électrique et d’un batteur, elle même assurant le chant, le banjo, le violoncelle, hérité de sa formation de musicienne classique, et la guitare acoustique. La voix est magnifique, semblable à celle son ex-consoeur des Carolina Chocolate Drops Rhiannon Giddens : à la fois claire et puissante, et porteuse d’une forte charge émotionnelle. Elle chante en anglais, créole haïtien et cajun. Chaque morceau est issu de ses trois cultures, et fortement engagé, traitant de l’esclavage, de la traite négrière ou de la dictature, en particulier une chanson s’adressant aux deux terribles dictateurs Baby Doc Duvalier et Aristide. Elle n’épargne pas non plus sa patrie, les Etats-Unis, dont la politique étrangère est au centres des thèmes de son dernier album « Capitalist Blues » (enregistré lors du mandat de Donald Trump) tout en lui tirant une référence au pays, surtout son Sud évidemment, pour le beauté de ses musiques. Compliments au guitariste David Hammer, au jeu mordant et inspiré, qui mérite le statut de « guitar hero ». Ombres de Jeff Beck et de British blues. Le concert se termine par un blues traditionnel chanté presque a capella avec un accompagnement minimaliste au banjo. Grand moment.

Une courte entracte, et place à Souad Massi. Le talent est égal, mais les différences sont nombreuses entre les deux chanteuses. Exit le blues, et le jazz new Orleans et place aux mélopées orientales et au folk. Néanmoins, l’étude de la musique classique rapproche les deux femmes. Souad fait penser à une Joan Baez berbère. Même voix cristalline, mêmes textes engagés qu’elle aura la gentillesse de nous traduire, (l’un parlant de la lutte des femmes algériennes pour leurs droits, auquel elle semblait particulièrement tenir) ; même admiration pour Bob Dylan, et sa poésie en lutte.

Elle est accompagnée par quatre excellents musiciens Mokrane Aldani (violon alto), Abdenpur Djemai (mandole, guitare), Rabah Khalfa (derbouka) et Luis Nacsimento (percussions) virtuose brésilien des tambours. Des colorations rock aussi parfois, qui rappellent qu’elle n’est pas qu’une chanteuse de ballades, et qu’elle peut  aussi faire rire et danser. Une soirée de classe et de qualité qui se termina en after sur les mixes fous de Martin Messonnier qui mit le feu à la piste de la Salle des Fêtes. Nous reviendrons aux Festival  Les Suds , c’est sur !

https://www.suds-arles.com

Ecrit par Gilbert D'Alto

2 Commentaires

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