#Portrait : Le duo brésilien LES ETOILES

Dans les années 70, il existait à Paris une boîte brésilienne très en vogue, appelée Le Discophage, qui programmait les meilleurs musiciens du Brésil. C’est là qu’un duo brésilien remarquable, Luis Antonio et Rolando, se produisait sous le nom Les Étoiles. L’un était chanteur, l’autre chanteur-guitariste. Ensemble, ils ont contribué à faire connaître en France les grandes chansons de la musique brésilienne et leurs auteurs-compositeurs emblématiques.

Ce duo est arrivé en France dans le contexte des vagues d’exil politique qui ont touché le Brésil, mais aussi l’Argentine, l’Uruguay et le Chili. Beaucoup de ces artistes et intellectuels exilés se sont retrouvés en France, apportant avec eux une énergie chaleureuse et festive. Les Étoiles débutent à Barcelone en 1974, puis arrivent à Paris l’année suivante. Leur premier album paraît en 1976. Leur tenue de scène originale et leur répertoire riche séduisent un large public, dévoilant une musique brésilienne encore peu connue au-delà des figures de Jorge Ben et Antonio Carlos Jobim. Ils se produisent principalement à Paris et sur la Côte d’Azur, notamment à Nice, où ils étaient hébergés par leurs amis Basile et Jacotte Antipas, un couple d’origine grecque et marocaine. Pendant de nombreuses années, ces derniers les accueillirent dans leur villa, qui devint un véritable lieu de fête et d’échanges culturels.

C’est grâce à Les Étoiles que j’ai moi-même connu ce lieu magique, et j’y ai ensuite invité tous les grands artistes brésiliens de passage : Gilberto Gil, Tania Maria, et bien d’autres ! Si Les Étoiles se produisaient surtout dans des cabarets, j’ai eu la chance d’organiser pour la ville de Nice une rencontre inoubliable entre le Carnaval de Nice et celui de Rio. Ce fut l’occasion de faire venir les plus grands noms de la musique et de la culture brésiliennes : Jorge Ben, Gilberto Gil, Jorge Amado, Ivan Lins, João Bosco, Milton Nascimento, Dona Ivone Lara, Paulinho da Viola, Alceu Valença, la famille Caymmi, Zezé Motta, ainsi que l’école de samba Mocidade Independente. Nous avons organisé un bal brésilien mémorable sur la Place Masséna ! L’année suivante, un grand festival brésilien eut lieu dans la pinède de Juan-les-Pins, car les organisateurs du festival de jazz de Nice, effrayés par le succès de notre événement, s’étaient opposés à ce qu’il soit reconduit à Nice. En 1985, Les Étoiles participent à ce festival à Juan-les-Pins aux côtés de João Gilberto, Antonio Carlos Jobim et de l’école de samba Beija Flor.

Le premier grand concert des Étoiles à Nice se tient au Casino Club de Nice. Bien qu’ils aient joué dans de nombreux cabarets niçois, c’était la première fois qu’ils se produisaient dans une salle de 500 places ! Ce fut une soirée pleine de suspense : la veille encore, Luis Antonio était hospitalisé à Paris. Heureusement, un médecin de notre association, fondateur de SOS Médecins, est intervenu : il a contacté l’hôpital pour faire sortir Luis Antonio sous sa responsabilité, promettant de lui prodiguer les soins nécessaires dans sa propre clinique. Et heureusement, car tous les billets avaient été vendus !

Par la suite, Les Étoiles furent programmés dans les plus grands festivals de jazz, qui commençaient alors à intégrer les musiques du monde dans leur programmation. Ils ont ainsi tourné pendant plus de dix ans à travers les festivals de Montreux, Nice, Juan-les-Pins, Sète, Saint-Florent en Corse, Nantes, la Sardaigne, la Sicile, etc.

Malheureusement, Luis Antonio tomba gravement malade, et cette fois, on ne put le sauver. Rolando, quant à lui, continua à se produire encore pendant neuf ans, animant de nombreux stages et concerts, perpétuant l’esprit lumineux des Étoiles.

Ecrit par Françoise Miran

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