#Jazz&Cover Thelonious Monk « Monk Underground »

On ne juge pas un livre à sa couverture …. Ni un disque à sa pochette ! Mais il faut avouer qu’une belle image évocatrice exposée dans un bac attire indéniablement le futur auditeur en lui faisant miroiter une musique qui se hissera parfois, et parfois pas, à la hauteur du graphisme.

Pochette ou Cover de vinyle de jazz, de l’art ? Du marketing ? Une époque ?

À la  découverte  des pochettes qui ont développé un courant artistique pictural ou graphique. Elles ont été très importantes dans l’évolution du jazz et l’envie des musiciens de mettre en image leur musique. Nous suivrons les différentes personnalités ayant donné aux pochettes leurs lettres de noblesse et le lien que celles-ci ont entretenu avec l’art.

Pour débuter cette chronique, une pochette époustouflante réalisée pour Thelonious Monk et  Columbia Records par John Berg.

John Berg a débuté chez Colombia en 1960. Concepteur de plus de 5000 pochettes de Bob Dylan à Chicago,  (le groupe) en passant par Simon and Garfunkel et Santana. Pour « Underground »de Monk il obtient un Grammy. « Underground de Thelonious Monk, un projet avec les photographes Steve Horn et Norman Griner, « le titre de l’album est d’un mouvement de jazz actuel, que je tournai dans une version du métro  français antinazie de la Seconde Guerre mondiale. Un jeu complet a été construit et la scène était pleine de figurants costumés. Il n’y avait pas de problème avec les budgets de ces jours. J’ai gagné un Grammy pour la couverture, et par la manière. » John Berg.

Toutes les photos ont été prises dans l’appartement de Monk, transformé en repaire de résistants français, période dont Monk était très fan. Juste à côté du vitrail à la rose centrale, dans le fond, la jeune femme aux cheveux longs, avec le béret, la ceinture de cartouches et la mitraillette, c’est Pannonica. Elle et Monk c’est une Vraie rencontre ; celle des contrastes. Née Kathleen Annie Pannonica Rothschild, elle était mariée avec le baron Jules de Koenigswarter, qui avait rejoint l’armée française à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, pour s’engager dans les F.F.L. Son admiration aveugle pour la musique de Thelonious lui donnait des allures de mécène. Il lui composa son morceau éponyme.

Connaissant Monk pour son amoncellement de notes et une virtuosité dans son interprétation, le sentiment de fouillis dans la photo de la pochette rappelle que ce pianiste autodidacte était un rebelle, un solitaire. De même, nous retrouvons dans l’image les souvenirs douloureux de cette  période, la musique de l’album nous conduit à  des sentiments de victoire et d’espoir dans l’avenir.

Dernier album de son quartet historique, avec Charlie Rouse ! Underground est aussi, hélas, le presque ultime original et dernier vrai bon album,  chez Colombia.

Monk étant le plus grand spécialiste du silence, avec ses yeux écarquillés sans ses lunettes noires sur la pochette, il plaque un accord qui vous invite à l’écoute de ce merveilleux album.

Sans doute le plus bel hommage du jazz à notre beau pays et à son esprit de résistance…

Rien que pour cela un album indispensable à tous les patriotes !

Thelonious Monk – Monk underground (Columbia Records 1968)

Ecrit par Jacky Ananou
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