Un Film sur le Jazz : The Connection

The Connection

2012 poster for Shirley Clarke's THE CONNECTIONEtouffante plongée en huis clos dans le monde de la junkietude, « The Connection », réalisé en 1961 par, et adapté d’une pièce de Jack Gerber (qui scénarisa également le film) mise en scène par le révolutionnaire Living Theater, est aussi l’un des rares films permettant de voir un groupe de jazz « in vivo » dans un docu-fiction.

En l’occurrence, il s’agit de l’excellent quartet du pianiste Freddie Redd, qui comprenait aussi le fantastique Jackie Mc Lean au sax alto, dans quatre époustouflantes performances.

Conçu comme un documentaire fictif, la caméra suit les pas d’un jeune réalisateur tournant un film avec des musiciens de jazz et des artistes héroïnomanes qui attendent chacun leur dealer : celui-ci se trouve être une même et unique personne, formant donc le lien (la connection) entre tous les protagonistes.

Shirley_ClarkePrécisons que Shirley Clarke, dont il s’agit du premier long métrage, était une pionnière du « cinéma-vérité », une courageuse activiste des droits civiques (elle épousa le comédien noir Carl Lee, qui joue le rôle de Cowboy dans le film, bien avant que la ségrégation ne soit définitivement abolie par JFK), et une passionnée de jazz, dont on retrouvera la thématique dans son second film « The Cool World ». « The Connection »  fut d’abord censuré par les autorités américaines pour « vulgarité » et « indécence », et sa première mondiale eut lieu ici sur la Côte d’Azur, eh oui ! Présenté au Festival de Cannes en dehors de la compétition officielle, il remporta un grand succès critique et fut à l’origine de la création de la Semaine Internationale de la Critique. Devant ce battage médiatique, les autorités américaines finirent par céder, et le film sortit aux États–Unis en 1962. Véritable OVNI dans le cinéma américain de l’époque, le film influencera des gens comme John Cassavettes, Martin Scorsese ou Jim Jarmusch. Shirley Clarke avouera en retour avoir été influencée par la Nouvelle Vague Française. Encore un lien qui prouve décidément les liens indéfectibles entre le jazz et la France, où beaucoup d’artistes américains trouvèrent refuge lorsqu’ils étaient rejetés par leur patrie d’origine. Sujet d’ailleurs traité dans un autre film sur le jazz, le très beau «  Autour de minuit »de Bertrand Tavernier, mais nous y reviendrons… Offrez vous la vision de « The Connection », le film vient d’être restauré et classé au patrimoine filmique de l’UCLA. Il le mérite.

www.allocine.fr

Ecrit par Gilbert D'Alto
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