Le rôle des percussions dans l’hémisphère jazz


Les couleurs, l’exotisme et les rythmes impairs. Les percussions entrent initialement dans les orbites du jazz, en 1947, avec Chano Pozo, ses congas et ses rythmes d’ailleurs, reconnues par Dizzy Gillespie pour relooker le be-bop.

La signification du mot « jazz » en Persan est « la batterie »!!! Étrange mais pas complètement à l’ouest ! Le terme « drum-kit » nous ramène plus proche des fondations de l’instrument : un assemblage de tambours (accompagné d’autres éléments percussifs comme les cymbales,  les claves…). En effet, originalement plusieurs personnes jouèrent les tambours dans les formations du pré-jazz. Ensuite, à la Nouvelle Orléans, deux musiciens (l’un à la caisse claire et l’autre à la grosse caisse) accompagnaient les fanfares. La batterie fut finalement inventée pour qu’un seul musicien puisse jouer un unique instrument (drums) fait sur mesure pour swinguer et créer les rythmiques pour l’improvisation. 

Généralement, le musicien entouré de fûts en quantité est le percussionniste du groupe. Parmi les autres membres, l’importance de son rôle restent flous, jusqu’à son solo, démasquant son identité : la couleur et le parfum sonore qu’il apporte et la destination vers laquelle il emporte le public. Autrement dit, il remplit ses fonctions de percussionniste en évoquant les couleurs additionnelles avec, en parallèle, des motifs rythmiques venant enrichir la tonalité de la musique selon son origine. L’exotisme (dans son sens noble) revient également à la touche de la percussion qui modifie le caractère de la musique et dans le cas du jazz, ce changement cause un détachement de ses racines du blues.

La bossa nova fut la première étape de cette division. Très vite, le Brésil, ses rythmes suaves et ses magiciens des percussions (tels qu’Airto Moreira et Nana Vasconcelos) ont trouvé leur place dans les cœurs des fans du jazz. Grâce à la variété incroyable des percussions brésiliennes et la richesse de leur sonorité, la curiosité des acteurs du jazz se réveilla. Au début des 60’s, l’envie de découverte des merveilles du monde a déclenché la « Route percussive » qui changera le paysage « strictly American » du jazz. Les jazzmen américains et les autres s’intéressèrent aux percussions venues de toutes les sections du globe. Rapidement, les zones riches en couleurs rythmiques sont remarquées et leurs applications sont imminentes.

Naturellement, l‘Amérique latine suit parmi les favoris. Rien que les percussions afro-cubaines (congas, bongos, timbales, maracas….) offrent un palette impressionnante de textures sonores prêtes pour épicer n’importe quel arrangement. La multitude de genres de « Latin jazz » témoigne de cette époque et continue d’influencer jusqu’à présent. Une bienvenue constante du jazz aux percussions sud-américaines nous enchante aujourd’hui avec Minino Garay. Non officiellement, il est le nouvel ambassadeur des rythmes argentins après avoir érigé les passerelles entre ses percussions originaires de sa Córdoba natale et tous les genres de jazz. Ses nombreuses collaborations de ces quinze dernières années ont contribué à l’évolution du jazz du 21ème siècle. Infatigable et productif, Minino a toujours des nouveautés. Il a sorti cet hiver son nouvel album Tunga tunga’s Band. On le trouve également sur Far Eastwood Suite, nouveau disque du  de saxophoniste niçois Pierre Bertrand.

L’Inde est encore une autre destination exploitable, au niveau percussif. Très à la mode dans le jazz de l’ère « peace & love », les tablas indiens s’intégrant partout, devenant un ingrédient indissociable de la fusion. Zakir Hussein, qui continue à remplir les stades avec ses concerts en solo, était le coéquipier initial de John McLaughlin quand il a révolutionné le jazz en donnant ses lettres de noblesse au jazz fusion.

Percussions d’Orient, d’Afrique du nord ou du Moyen Orient n’ont pas trouvé vraiment leur place dans le monde du jazz jusqu’à ce siècle et l’arrivée du Zarb. Le zarb ou tombak est « la percussion reine » iranienne. C’est le seul tambour exigeant une décennie pour le maîtriser. Car le zarb est polytimbral, extrêmement raffiné et doté d’une dynamique hallucinante détaché de toute connotation. Ces qualités correspondant parfaitement aux critères jazzistiques, facilitèrent l’entrée de cet instrument dans le jazz le plus actuel. Les frères Chemirani (Keyvan et Bijan) sont sûrement les porte-paroles des Percussions perses des temps modernes. Depuis quelques années, leur collaboration (ensemble ou individuel) se multiplie confirmant « The Rhythm Alchemy ».

Ecrit par Sir Ali

Les commentaires sont fermés.

  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone