Les dessous (chics) d’un estival festival de jazz : épisode 2

Lors de la 29eme édition de Jazz à Junas, du 19 au 25 juillet Le Jazzophone vous propose de pénétrer dans les coulisses de l’organisation de cette manifestation. Aujourd’hui, nous visitons les lieux, tant Junas est devenu au gré des initiatives de la mairie et des organisateurs un village dédié au JAZZ !

Junas, village jazz, « village-monde » précise Fabrice Manuel grâce à tous les symboles qui, d’année en année, ont fait de la cité un endroit où le jazz se visite.

Commençons par le temple dont les vitraux ont été conçu par le musicien (et plasticien) Daniel Humair. Un temple aux vitraux colorés, ce n’est pas banal, seuls deux autres temples en France en possèdent. « Pas facile de convaincre la communauté protestante » mais au final l’adhésion a été totale d’autant plus que Daniel Humair n’a pas dans son travail de logique figurative, ce qui était obligatoire pour ce lieu de culte. Le projet ayant été lauréat de la bourse Crédit Agricole au niveau national, le projet a pu se concrétiser et les nouveaux vitraux ont pu être inaugurés pour les vingt ans du festival, devant toute la communauté protestante, temple bondé, standing ovation, et bien sûr le créateur des vitraux, dont le nom est maintenant indissociable de la place du Temple.

C’est ensuite par la place Daniel Humair que nous commençons la virée des plaques : en effet chaque année, une ou plusieurs plaques de rues sont inaugurées, portant le nom de musiciens (précisons en doublon des noms historiques) qui ont joué au festival. On revient à la question du monde et de son universalité puisque ce sont des artistes du monde entier qui ornent les voies de la cité, 1993, première édition, et c’est un lituanien Petras Vysniauskas, qui inaugura cette tradition. Aujourd’hui, ce sont presque cinquante plaques qui parsèment la visite. Par exemple la rue des flutistes engagées qui commence par la très militante Naïssam Jalal – qui a demandé deux drapeaux le français et le syrien, bien évidemment pas celui de Bachar El Assad –  et la non moins engagée Nicole Mitchell. Autre symbole fort, ce croisement où d’un côté est apposé le nom de l’Israélien Avishaï Cohen tandis que de l’autre on découvre celui de la oudiste palestinienne Kamylia Jubran.

En cheminant, l’on arrive au rond-point contrebasse, coopération ici très symbolique entre les tailleurs de pierre- n’oublions pas que le festival se déroule dans les carrières- et  l’association Jazz à Junas. Une contrebasse donc, avec des signes médiévaux des tailleurs de pierre et des notes de musique, est élégamment posée à côté de la Grande Dame des carrières, ce rocher emblème de la manifestation. Autre symbole le poisson qui représente tous les fossiles trouvés dans ces carrières.

Il faut ensuite passer par la garrigue pour contempler les carrières du haut. Grande chance pour y faire le lieu que l’on connait maintenant, c’est une carrière déchiquetée qui a permis toutes les installations. Les caractéristiques de la pierre permettant aussi une végétalisation importante, qui donne à ce lieu cette ambiance si particulière et cette beauté – nous imaginons juste le travail des ingénieurs du son et des électriciens.  Petit historique, c’était au départ un stand de ball trap avec en contrebas des jardins potagers. En 1994, ce fut le lieu idéal pour le premier festival de jazz. Un étonnant financement de la région de Bruxelles la quatrième année a permis d’inviter beaucoup de…. Bruxellois mais aussi de changer l’espace puis de construire une scène, les jardins potagers étant remplacés par  des espaces conviviaux.

Nous terminerons la visite par l’imposant et magnifique graph de Sunra représentant Gerry Mulligan qui laisse échapper de son saxophone les jolis cœurs rouges du street artiste montpelliérain.

Enfin pas tout à fait car dans les carrières trône le buste de Louis Armstrong inauguré pour le bicentenaire de la fin de l’esclavage en 1994. Junas, village jazz qui apprend le vivre ensemble, le partage non seulement de la musique mais aussi du respect de chacun, quelque soit sa couleur ou son lieu de naissance.

Et ne manquez pas ce soir, Place de l’avenir à 18h, INUI puis  à 21 dans les Carrières, PIERS FACCINI « Shapes of the fall » suivi de MAMMAL HANDS.

www.jazzajunas.fr

Ecrit par Corinne Naidet

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