Cette année, les organisateurs ont décidé de nous faire voyager en Allemagne. Cependant, le métissage et le partage, mots-clés de ce festival, sont bien présents en cette soirée qui vit briller bien des étoiles.
C’est Fabrice Manuel, un des organisateurs, qui nous accueille dans le temple de Junas, dont on rappelle qu’il est éclairé des magnifiques vitraux de Daniel Humair. « Aller vers l’autre, tendre les mains, travailler avec les autres », ce sont des mots qui résonnent d’une signification particulière en ce mois de juillet. Le temple est archicomble, toutes les générations se côtoient pour accueillir Arthur Bacon, à l’accordéon et Maël Goldwaser, à la guitare.
Celui-ci égrène les premières notes, l’ambiance flamenca s’installe doucement dans le temple. Arthur Bacon se lance et le face à face est intense. Il semble, comme il sied parfois à cette musique, qu’un combat s’engage entre les deux musiciens, ce sera un dialogue doux et subtil. Pour évoquer la grenade, où les gouttes de pluie qui tintinnabulent sur une fenêtre. Flamenco certes, mais inspirés d’influences multiples. C’est une fanfare, éphémère puisque composée des stagiaires qui travaillent à Junas toute la semaine, qui emmène le public dans le fameux site des carrières.
21h : Airelle Besson à la trompette, Sebastian Sternal au piano sont accompagnés de Jonas Burgwinkel à la batterie. Quel est le leader, quels sont les siders, nul ne saura le dire, tant l’harmonie et l’équilibre semblent les piliers de cette formation. Le rythme peut être instillé par l’un ou l’autre des musiciens, selon le morceau. La mélodie voluptueuse, tonique voire ludique est portée par le souffle inspiré de la trompettiste, mais tout aussi bien par les mains qui effleurent les cymbales de Jonas Burgwinkel ou le piano de Sebastian Sternal, au toucher subtil et délicat. Prendre le temps de raconter, comme dans le magnifique morceau The prayer une composition de Sebastian Sternal.
La délicatesse dans une autre de ses créations, T.J.- hommage à John Taylor. C’est le moment où le bleu étincelle sur la batterie, un peu de blues aussi. La symbiose entre les musiciens est totale. A pas mouchés, à pas comptés, à pas chassés, ainsi que le souffle d’Airelle Besson, qui éblouit tant par la légèreté que par la fluidité de son jeu. Ici, le maitre mot est l’unisson, l’uni-son. Et le trio de nous emmener dans leur univers avec surprise, morceau très récent qui fera partie de leur prochain album, Maillon, d’Airelle Besson ou bien encore The Painter and the Boxer.
La palette de sons chatoyants et colorés qui a éclairé ce set, se déploie en un arc en ciel avec les deux rappels : It’s time to say goobye, puis le classique et magnifique Neige, vibrant, vivant. L’on se quitte, et c’est dommage !
Les carrières s’illuminent, c’est le moins qu’elles puissent faire pour accueillir Tingvall Trio et leurs oiseaux : en effet, c’est l’album Three Birds que sont venus nous présenter Martin Tingvall au piano, Jürgen Spiegel à la batterie et Omar Rodriguez Calvo à la contrebasse.
Le Pivert, le colibri, n’oublions pas les oiseaux du paradis, nous n’en étions pas loin, avec ce groupe cosmopolite (Suède, Cuba et Allemagne !) qui nous emmène dans un bien beau voyage, dans des chemins où le rythme et les pulsations se conjuguent parfaitement avec les thèmes évoqués. Equilibre – déséquilibre, se remettre en question, remettre le jazz en question pour mieux l’honorer. La poésie n’est jamais loin. Certaines balades sont lyriques, voire oniriques, parfaitement soutenue par l’énergie qui se dégage des trois musiciens. La danse semble avoir inspiré les compositions et l’on sent le mouvement perpétuel dans chacun des morceaux. Mais l’éternité n’a qu’un temps, les lumières doivent s’éteindre pour laisser la nature dans son écrin, nature magnifique décrite par les notes de ce groupe enthousiasmant.
18/07/24 Temple et carrières du Bon temps à Junas