#LiveReport : Jazz à Junas – Youn Sun Nah – Nora Kamm

Dernière soirée pour le jazz cette année dans les carrières de Junas : honneur aux femmes et à l’éclectisme avec la chanteuse Youn Sun Nah puis la cheffe d’orchestre- saxophoniste Nora Kamm.

Place de l’Avenir à 18 heures, ce sont les jeunes qui sont entament la soirée puisque a lieu la traditionnelle restitution des ateliers musicaux. Cette année les enfants ont eu droit à quatre ateliers, choisissant entre slam, percussions, création vocale, et improvisation. Encadrés avec dynamisme et entrain par la chanteuse Elsa Scappichi, le slameur Bozo,  le contrebassiste Guillaume Séguron, le percussionniste Samuel Silvant enfin Benoit Rapetti à la contrebasse, les minots ont investi la scène devant leurs parents médusés. Eh oui, en quelques jours, on en apprend des choses !

21h, on se sent bien, dans les toutes premières notes de Feeling Good, Youn Sun Nah et sa voix magique rentrent en scène, magnifiquement soutenues par les claviéristes Eric Legnini et Tony Paeleman. Ce morceau de Nina Simone est extrait de l’album Elles, où la chanteuse rend à la fois hommage aux femmes mais aussi à toutes les musiques. Suivront Libertango (d’Astor Piazzola repris par Grace Jones sous le titre I’ve Seen That Face Before) où se métamorphose la voix de l’interprète, ici diva. Nouvelle performance pour, non pas se glisser dans la peau et les sons de Grace Slick et le White Rabbit de Jefferson Airplane, mais pour le transcender, et surtout souffler un vent de liberté.

Cette liberté que l’on retrouvera dans le traditionnel Sometimes I Feel (Like A Motherless Child) ou bien encore La foule de l’inoubliable Edith Piaf. Le talent de Youn Sun Nah explose dans Asturias, une composition d’Albeniz où, au plus fort de l’improvisation, une montée orgasmique sera suivie de la douce cymbalisation des cigales, en un hommage taquin pour le magnifique site des carrières. L’on retiendra aussi la voix assurée, détachant chaque syllabe, tendresse profonde, émotion à fleur de note de Killing Me Softly With His Song, juste accompagnée d’une petite boite à musique, l’enfance réinventée au détour de cette interprétation.

Le public n’a plus qu’un seul souffle, une seule respiration, celui de la chanteuse coréenne. Éric Legnini et Tony Paeleman ne sont pas ici que les accompagnateurs, ils seront des mélodies réincarnées, des rythmes, des vibrations, particulièrement sur un morceau comme Lament, composition de Youn Sun Nah.

Ils anticipent, soutiennent, argumentent, ornementent, ils seront aussi des voix, aussi inspirées, aussi créatrices que leur ménestrelle.

Chacun des trois artistes ont exploré ici de bien beaux espaces, tout à la fois profondément humains et totalement célestes.

L’enchainement pourrait être délicat, mais les rythmes africains qui rentrent maintenant sur scène avec l’ensemble de Nora Kamm vont très vite enflammer le public. Soutenu par une section rythmique tonique autant que talentueuse (Alexandre Bamba à la basse,

Andy Berald à la batterie, Fabe Beaurel Bambi aux percussions) accompagnée de Eli Frot aux claviers et  de la chanteuse Diambar,

La cheffe d’orchestre allemande est venue présenter son projet ONE, album sorti en 2023. Afro et jazz fusionnent régulièrement et les musiciens sur scène nous font passer les frontières musicales et culturelles sur les rythmes soutenues des compositions de la saxophoniste.

Qui chante, scande son credo, « we are one », nous sommes ensemble, unis. Tant il est vrai que la musique est et reste peut-être le seul langage universel. De morceau en morceau, la communication, la fusion deviennent plus limpide entre les musiciens et la communion avec le public est totale. Public qui finira debout afin de danser sur ces chants et musiques venus du fond des temps, renouvelés ici avec toute l’énergie de cette formation.

Il est temps pour les carrières de s’éteindre, mais on ne peut quitter le lieu sans penser aux organisateurs et aux cent autres bénévoles qui font de ce festival un moment unique parmi les manifestations estivales.

Ecrit par Corinne Naidet

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