#LiveReport : Nice Jazz Fest! : Arnaud Dolmen – Theo Crocker – Monty Alexander

Troisième jour du NJF! 2024, une soirée qui allie le jazz caribéen d’Arnaud Dolmen, le jazz-électro de Theo Crocker et le jazz classique (ou presque) du vétéran Monty Alexander. De quoi réjouir le Jazzophone et ses lecteurs.

Vity Groove, un groupe inédit  pour le batteur Arnaud Dolmen.

Un projet dont c’est le premier passage sur la scène d’un grand festival. A ses côtés, la jeune harpiste et chanteuse Sophye Soliveau, Gabriel Gosse à la guitare, Carl-Henri Morisset aux claviers (il joue aussi avec Ricardo Del Fra et Archie Shepp), Swaéli Mbappé à la basse et Adriano Tenorio aux percussions. Un répertoire basé sur des rythmes et musiques caribéens mais aussi ouvert sur les musiques d’aujourd’hui. Les chansons sont essentiellement chantées en créole mais Sophye Soliveau interprète aussi une très belle ballade en anglais, simplement accompagnée de sa harpe

et de quelques arpèges de guitare.

Tous les musiciens font aussi les chœurs dans les différents thèmes. Un voyage dans les îles, ponctués de très belles parties de piano ou de guitare. Le son des 5 cordes la basse

et des 47 de la harpe s’associent parfaitement pour de singulières harmonies. Vers la fin du set, batteur et percussionniste se lancent dans un duo de haute tenue avant d’être rejoint par les autres pour une explosion de groove et de rythm and blues. Le set se finit par « On Dimanch Maten », un classique d’Arnaud Dolmen, revisité ici, chanté par tout le groupe et une bonne partie du public enchanté.Très belle découverte que ce sextet qui n’a que six mois d’existence mais qui est, n’en doutons pas, promis à un bel avenir. Une sacrée équipe.

Une autre belle team, le quartet de Theo Crocker qui monte sur la scène à 21h pile. Aux côtés du trompettiste, Mike King est claviers, Eric Wheeler à la contrebasse et Shekwaga Ode à la batterie. La trompette de Theo Crocker est branchée sur un grosse boite d’effets, pleine de boutons, agrémentée d’un MacBook. Et, il va en faire un grand usage pour modifier, triturer, accroître les possibilités de son instrument.

Il a deux micros, l’un pour le son naturel de la trompette, l’autre filtré par la boite magique. Un set très électro-jazz où seul le batteur reste en acoustique. Et quel batteur !

Quelques voix enregistrées, souvent revendicatives, viennent se rajouter à la musique du groupe. Au bout de quarante minutes environ, on retrouve le génial trompettiste que l’on aime, ils se lancent dans un morceau d’influence hard bop, quasiment old school. Et cela continue en beauté jusqu’au bout de leur set ou chaque musicien quitte la scène tour à tour, en commençant par le leader qui range directement la trompette dans son étui. On se doute qu’il n’y aura pas de rappel. Ils reviennent tout de même saluer. Étrange.

Après ses deux groupes de jeunes musiciens, le festival a programmé, une légende vivante, le pianiste de la Jamaïque, Monty Alexander, 80 ans à l’automne. Sa démarche est encore souple quand il rentre sur scène et salue le public avant de s’installer derrière le Steinway. Il est accompagné par un batteur Jason Brown et un contrebassiste Luke Sellick, en mode resserré. Ils peuvent quasiment se toucher les uns les autres.

Pas de temps de chauffe, c’est parti directement pour le swing malin du pianiste, ce mélange de traditions et d’influences jamaïcaines. Quatre thèmes enchaînés, empruntés à l’album D-Day sorti en printemps puis ils revisitent « No Woman, No Cry », de Bob Marley, du reggae ? Oui ! Où du jazz, oui aussi ! D’ailleurs, ils enchaînent sur un blues pur jus où Monty Alexander nous régale d’un chorus bien enlevé. Vient ensuite « Smile », écrit par Charlie Chaplin pour son film « Les Temps Moderne », intro de la contrebasse à l’archet avant d’ouïr la fameuse mélodie. Si l’interplay entre les trois instrumentistes fonctionne bien, on remarque que le pianiste est tout de même très directif avec ses compagnons, un regard appuyé par-ci, un index levé par-là. De la liberté surveillée, mais quel régal absolu d’entendre ce Monsieur. Après « The River Of Peace », dont on a bien besoin nous dit-il, ils finissent le set sur un boggie fort bien tourné. On peut taper dans les mains, se trémousser sur nos chaises. Au rappel, il embouche un mélodica pour un pot-pourri de vieilles rengaines jazz mais retourne vite au piano avant un salut et une standing ovation du public.

La soirée semble finie après ce grand moment, mais non car l’after nous attend.  Une belle fête aussi, juste derrière dans l’espace « Kind Of Blue ». Une jam session sous la houlette du quartet de Pierre Marcus.

Petit à petit les musiciens arrivent. On verra Arnaud Dolmen succéder à Yoann Serra derrière la batterie, Carl-Henri Morrisset au piano après Simon Chivallon. Plume est au sax alto et Julien Ndiaye au ténor. Swaéli Mbappé qui a fini par trouver une basse électrique, se joint à la bande. China Moses fait aussi un passage pour une très sensuelle version de « All Blues ». Dans un endroit nommé Kind Of Blue !

La fraîcheur est arrivée, derrière le bar les serveurs s’activent a, un peu plus loin derrière certains s’essaye à la pétanque. Demain est déjà là depuis un moment mais demain est un autre jour…

Le 22/08/24 au théâtre de Verdure – Nice (06)
Ecrit par Jacques Lerognon

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