#LiveReport : Jammin Juan day 3

3ème jour de ce deuxième Jammin’ Juan, je prends le relais de Gilbert d’Alto, appelé sur un autre événement. Le soleil n’est plus au rendez-vous mais les professionnels et amateurs de jazz, eux, le sont, bravant la pluie et le vent. 

Le premier des Showcases est celui du guitariste Anthony Jambon, un quintet jouant un jazz-rock au son ample. Avec de jolis duos guitare-trompette et de longs morceaux qui n’hésitent pas à s’oindre de sonorités orientales. Les chorus du leader évoque parfois le jeu de Steve Howe dans Yes. La journée commence fort bien.

On change radicalement de style avec l’une des surprises de la journée le groupe Youpi 4et. Un line-up surprenant harmonica, flûte, basse, batterie. Ils passent  avec entrain du rock au jazz en passant par du folk jusqu’au groove. Ils ont beaucoup d’idées harmoniques et mélodiques. Parfois c’est un peu comme si Toots Thielemans jouait une version énergique de son fameux bluesette avec une basse et une batterie qui n’hésitent  pas à se confronter dans des duos survitaminés.

Retour à l’espace Méditerranée pour un nouveau groupe à guitare, le Julien Marga Quartet. Malgré la belle complicité entre le guitariste et le pianiste et des compositions intéressantes, ils peinent à convaincre sans pourtant vraiment décevoir.

Beaucoup plus passionnant le jeune groupe Ishkero (ne cherchez pas cela ne veut rien dire), 23 ans de moyenne d’age et une technique comme une musicalité déjà très mature. Un gros son jazz-rock avec des synthés mais pas trop et une lumineuse flûte traversière. La guitare use sans modération de la distorsion dans des chorus accrocheurs pour une fusion envoûtante.  Un deuxième EP est en préparation, un groupe à suivre.

Le Jammin Juan n’est par réservé qu’aux formations hexagonales, les trois derniers groupes viennent de loin. Corpo de Goteborg en Suède pour un jazz très mainstream, parfaitement exécuté. Ils ont déjà de l’expérience et leur musique tourne rond, sans anicroche, très plaisante mais très froide aussi malgré la présence d’une percussionniste qui se démène tout au long du set. La batteure, plus discrète, assure néanmoins une pulsion énergique. Impeccable mais loin d’être passionnant.

La trompettiste québécoise Rachel Therrien est à la tête d’un quartet multi-ethnique et joyeux. Expérimentée, elle a déjà 4 albums à son actif et une grande habitude de la scène. Cela se voit, cela s’entent et cela fonctionne à la perfection. Elle alterne bugle et trompete avec autant d’aisance. Là aussi, le batteur est une batteure Marieke Weining, aussi distinguée et vigoureuse que souriante…

Pour finir, le 21e et dernier showcase, Z comme Zanella. De nouveau des québécois, en quartet, celui du saxophoniste Jean-Pierre Zanella. La aussi, une longue expérience derrière eux qui s’entend. Un hard bop généreux, un peu de Jobim pour la chaleur. Une belle façon de finir cet après-midi musicale de haut niveau avant le concert du soir.

Le pianiste Armel Dupas ouvre cette dernière soirée de Jammin Juan 2018. Si Armel Dupas, très disert entre les morceaux, reste derrière le Steinway, le bassiste Kenny Ruby et le batteur Mathieu Penot alternent leur instrument avec des synthés analogiques donnant ainsi une touche vraiment spéciale à leur musique. Un jazz electro acoustique haut en couleur. Des ambiances très variées, allant du mélancolique au bien-être souriant. Je pourrais évoquer tous les thèmes du set mais « La Réponse » fut le moment le plus fort de ce concert. Une réponse en musique, une réponse volontaire à défaut d’être optimiste aux attentats de 2015 et hélas aux suivants. La culture, la musique doit être là, encore et toujours nous dit, en notes et en mots, Armel Dupas

Les conditions météo m’ont contraint à un retour précipité malgré la prometteuse performance de Sly Johnson et son groupe.

Jammin Juan 2018 est fini mais, on reverra certaines de ces formations cet été, pendant le Jammin Summer Session du 59e Jazz à Juan.

Ecrit par Jacques Lerognon

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