Et voilà : Nouvelle édition; le 62eme, Jazz à Juan a pris son envol, et sur les chapeaux de roues. Pour cette ouverture, deux divas, et nom des moindres. Tout d’abord la benjamine Samara Joy, pas encore trente ans, et ensuite la « lady swing », Dee Dee Bridgewater, 71 ans et pas une ride.
Deux visages du jazz vocal dans sa forme la plus épurée et la plus époustouflante. L’une vient de New York, l’autre de Memphis, mais ce sont deux reines de la note bleue. Au delà de leur différence d’ âge, la même passion les lie.
Tout d’abord, Samara Joy. Cette chanteuse exceptionnelle fait preuve malgré son jeune âge, d’une maîtrise hors du commun. Qu’elle reprenne des standards (« Round midnight » « Take the A train ») ou ses propres compositions ,gorgées de soul, sa voix et sa capacité à incarner toutes les nuances et les variations de la musique afro-américaine laissent pantois. Une grande interprète qui va certainement nous réserver encore bien des surprises. Ajoutons à cela une tenue de scène et un abord très sympathiques.
Dee Dee Bridgewater, ensuite. Qu’il n’est nul besoin de présenter, tant elle incarne à la fois la tradition et la modernité du jazz. Cette native du Sud des Etats-Unis porte avec elle les traditions du Blues et du gospel, ainsi qu’une connaissance encyclopédique du jazz, de Duke Ellington, à Horace Silver, en passant par Billie Holiday, Une très grande dame, qui à l’aube de son 71eme anniversaire, n’a rien perdu de son incroyable talent vocal, ni de sa présence scénique. Portée par le rutilant orchestre du Amazing Keystone Big Band de Fred Nardin (piano) et Jon Bouteiller (saxophone), elle démontra une fois de plus avec le final a cappella « Amazing Grace » qui rappela ses racines gospel, sa puissance vocale et son émotion, et fit passer un frisson dans l’assistance ! Une superbe soirée d’ouverture pour cette édition 2023.