#LiveReport : Jazz à Ramatuelle – Emile Parisien Sextet

Lorsque Emile Parisien entre avec ses acolytes dans le centre culturel Albert-Raphaël – le théâtre de Verdure malheureusement déserté à cause du mauvais temps- l’ambiance s’électrise : normal, car “Louise” le projet que nous proposent ces six musiciens a de quoi enthousiasmer tout amateur de musique.

L’attaque est puissante, le saxophoniste souffle les premières notes de Louise, morceau éponyme de l’album sorti en janvier 2022, vite rejoint par la trompette de Théo Croker puis la guitare de Manu Codjia.

Un regard, un geste, Joe Martin à la contrebasse, Nasheet Waits à la batterie et Roberto Negro au piano entrent dans ce cercle enflammé que vient d’allumer Emile Parisien. Cela ne s’arrètera pas. Un deuxième morceau plus tranquille, ballade, pour atténuer la férocité de l’introduction, pour que chacun des musiciens s’installent dans une belle et lente course poursuite. Construction impeccable, solos tout en finesse et virtuosité, impros maîtrisées et tempétueuses, le dialogue est lancé entre le sextet et le public, tout autant qu’entre chacun des musiciens. Puis arrive l’incandescence, l’acmé du concert, Memento, que le saxophoniste explique avoir composé pour sa maman, le pianiste lance Emile Parisien et Theo Croker en un tourbillon de sensations et de notes. Les spectateurs auront droit à un solo époustouflant de guitare,

puis Roberto Negro sort le grand jeu, explorant des pistes insensées avec les cordes non plus frappées du piano mais pincées par ses doigts directement dans le cadre.

Morceau qui plonge directement dans nos neurones, des improvisations en électrons libres, le champ des possibles est infini, les six musiciens explorent des terra incognita, ils vibrent tour à tour puis à l’unisson, l’on ressent tout à la fois une douceur et une colère, racontées par ce groupe dont on sent, particulièrement dans ce morceau, la cohésion et l’amitié. Et le final magistral entre le batteur Nasheet Waits et Théo Croker laissera des traces chez les spectateurs, enthousiasmés. Joe Martin, dont la contrebasse a jusqu’à présent accompagné finement la rythmique du groupe, étire le temps de ses notes graves dans un solo sobre, une comptine qui contraste avec le récit précédent.

Le sextet termine le concert avec une interprétation très personnelle de Madagascar de Joe Zawinul, à l’image de cette formation, hommage, destruction, reconstruction. Le rappel sera une conclusion brillante de ce moment d’exception, une composition de Theo Croker, Prayer 4 peace, où chaque instrumentiste livrera avec une grande générosité une musique inspirée, inspirante.

https://jazzaramatuelle.com

Ecrit par Corinne Naidet

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