#LiveReport : Jazz à Saint Rémy de Provence

Pour sa 14eme édition, le festival de Jazz à St Rémy de Provence innove avec la scène ouverte aux jeunes talents le jeudi : une soirée de découvertes, trois groupes se produisent, choisis parmi neuf candidats. Le public retrouve le groupe vainqueur de ce tremplin Fa.S.eR TRIO en première partie le vendredi soir… Retour sur un beau week-end où les organisateurs – tous bénévoles – offrirent un programme très varié et fort apprécié.

Vendredi soir, comme chacune des soirées, commence avec l’apéro swing au son joyeux d’Au fil des cordes Quartet, mélange de manouche, swing, tango, classique, un beau voyage dans le temps et dans l’espace où fût appréciée un bel arrangement de Bohemian Rhapsody.

La nuit tombe sur l’Alpilium, il est temps pour Fa.S.eR TRIO de  rentrer  sur scène : une heure de compositions toniques, pour l’anecdote, le groupe n’a pas encore eu le temps de  donner des titres à  leurs morceaux ! De l’énergie à revendre, que ce soit dans les baguettes de Ugo Deschamps, qui a dû beaucoup  écouter Christian Vander.

ou dans la basse de Nathan Bruel, très inspiré des bassistes rock du siècle précédent.

Au milieu, le saxophone de Max Atger souffle des teintes chaudes et inspirées pour un jazz fusion mâtiné de rythmes tribaux qu’ils agencent en boucles savantes.

Au milieu, un très bel arrangement de Recorda Me de Joe Henderson, chacun des musiciens joue avec le thème de ce beau classique pour mieux en tordre  le swing et l’envoyer dans les cordes d’un rock puissant. L’on finira par une balade envoûtante, la flûte de Max Atger nous emmenant sur la place Jeema El Fna à Marrakech accompagnée de percussions-serpent à sonnettes et de riffs de basse savamment égrenés au fil de ce morceau final.

C’est au tour du sextet des frères Belmondo de faire son entrée en scène.Ils nous présentent avec leurs complices et amis Eric Legnini aux commandes d’un Fender Rhodes, Thomas Bramerie à la contrebasse, Laurent Fickelson aux claviers

et Dré Pallemaerts à la batterie, un projet qui pourrait en étonner certains, revisiter l’univers de Grateful Dead, ces compositions qui enflammèrent 30 ans de rock. Malgré tout, il n’est pas si étonnant que la trompette de Stéphane Belmondo et le saxophone de son frangin Lionel cheminent vers ce groupe mythique, éclectisme et novation étant des mots qui conviennent tant à ce groupe de jazz qu’aux rockers américains.

Et l’on appréhende d’autant mieux ce projet aux premières notes esquissées par un Eric Legnini très inspiré.

Accompagné tout d’abord par quelques vibrations boisées de la contrebasse, puis rejoint par l’ensemble des musiciens, les arrangements de China Cat Sunflower permettent d’imaginer tout le travail du saxophoniste à l’origine de ce projet puis du groupe.

Les cuivres à l’unisson semblent reprendre les voix de Jerry Garcia et Phil Lesh, tandis que batterie, basse et orgues serpentent et ornementent le thème. Le morceau suivant, Blues for Allah, durait parfois plus de quarante minutes lors des soirées que donnaient le Dead, la version du sextet sera certes plus courte mais tout aussi foisonnante, les orgues vibrent et chuintent ainsi que les cordes de Thomas Bramerie,

tandis que s’envolent les impros des cuivres habilement soutenues par les baguettes de Dré Pallemaerts, certes plus jazz que celles de Bill Kreutzmann, jouant ici sur des rythmiques énergiques et chatoyantes. L’horizon est vaste et les possibilités semblent infinies. Verre de vin et bouteille plastique peuvent aussi devenir instruments. Et un Love suprême peut s’immiscer dans les impros du groupe. Comme une respiration, un temps calme, Stella Blue est un miracle de fragilité et d’harmonie, public suspendu aux cordes de la contrebasse. Puis Dark star nous fera  aussi voyager dans les cordes du temps. Sur Bird Song, les deux frères s’éclipsent, pour revenir avec Max Atger, qui terminera donc le set entouré de ces musiciens aux univers si riches et complémentaires.

Samedi soir, l’atmosphère est radicalement différente, André Manoukian nous entraînant dans les volutes voluptueuses des chansons de Serge Gainsbourg. Pour s’attaquer à un tel répertoire, le pianiste n’a pas lésiné sur les moyens en s’attachant quatre voix, quatre chanteuses qui vont donc se succéder sur scène, donnant tour à tour leur interprétations des mélodies du chanteur français.

C’est un trio classique aux arrangements classieux – ce qui aurait plu à Gainsbourg – qui débute le set, Manoukian au piano et aux anecdotes, Gilles Coquard à la contrebasse et Pierre Alain Tocanier à la batterie. Vite rejoint par Deborah Leclercq pour Je suis venue te dire que je m’en vais, doucement, voire tendrement, accompagné par les balais du batteur et les touches du pianiste. Deux balades et puis s’en va, pour laisser la place à Nesrine, Black trombone puis un pimpant poinçonneur des Lilas accompagnée de son violoncelle dont on apprendra l’histoire. Un instrumental pour le très rythmé Elaeudanla Teïtéïa et c’est au tour d’Elodie Fregé de pousser la chansonnette. Enfin, voix venue de l’autre côté de la Méditerranée, chaude, sensuelle, Awa Li pour une remarquable interprétation de Baby alone in Babylone.

Que le public a aimé sa « couleur café » ! Final sur La javanaise avec les quatre chanteuses. Le public est debout, chante, danse, le rappel sera sur Couleur café, un final qui clôture joyeusement ce festival. Quoique, dehors, l’after mené par le TRIO et Jean Jacques Taieb continuera encore longtemps à faire danser les spectateurs.

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Ecrit par Corinne Naidet

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