#LiveReport : Kyle Eastwood à Grasse

17h, un horaire inhabituel pour le reporter du jazzophone, ce dimanche, au Théâtre de Grasse. Les seuls sièges rouges encore non occupés sont flanqués d’un sens interdit. Respectons la distanciation. Monsieur Flores, le directeur, ouvre la soirée en souhaitant la bienvenue au public et en dédiant le concert à la mémoire de Samuel Paty, le professeur lâchement assassiné. Silence… Puis les cinq musiciens prennent possession de la scène.

Ils attaquent directement le premier titre de la soirée, « Skyfall », la chanson écrite par Angèle pour le film du même nom, mais dans un arrangement largement métamorphosé.

Ils joueront ensuite la presque totalité de leur récent album « Cinematic » comme Kyle Eastwood nous le raconte entre chaque morceau dans un délicieux mélange de français et d’anglais (le français pour le public, l’anglais pour son groupe ?). Ils prennent à leur compte chaque thème qu’il soit de Mancini, de Morricone, de Bernard Hermann pour le faire leur et nous entraîner dans un kaléidoscope d’images sonores pendant près d’une heure et demie. Les dialogues ou les contre-chants à la tierce,à l’unisson de la trompette (Quentin Collins) et du saxophone (Brandon Allen) sont admirables.

Le pouvoir évocateurs du groupe est vraiment puissant, à tel point que dans leur interprétation du thème de Lalo Schifrin dans « Bullitt », on ressent presque les chaos des rues de San Francisco sous les roues de la Mustang Fastback ou de la Dodge Charger, rythmés par la contrebasse tellurique de Kyle. Il se soufflera sur les doigts à la fin du morceau avant d’attaquer le suivant. Chacun des spectateurs aura son moment préféré dans le concert mais indubitablement l’un des summums fut « Gran Torino », une composition du fils pour le film du père. La contrebasse et le piano (Andrew McCormack tout en subtilité) en duo avec quelques légers coups de balais sur les cymbales de Chris Higginbottom,

puis, le solo de saxophone tout en finesse. Ils finissent leur set avec le joyeux et virevoltant « Pink Panther », que tout le monde a reconnu avant la deuxième mesure.


En rappel, « Moanin », un blues de Charles Mingus, introduit à la contrebasse par Kyle, seul sur scène avant d’être rejoint par tout son quintet.


On va au théâtre, voir et écouter un concert, et on sort heureux en ayant envie d’aller au cinéma.

http://www.kyleeastwood.com/

Ecrit par Jacques Lerognon

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