#Sur La Piste d’un 33 Tours « Chute Libre »

Parmi les groupes iconiques de jazz fusion durant les années 70 en France, “Chute Libre” vécut son épopée musicale comme beaucoup d’autres, tel un météore. Une aventure qui a donné naissance à deux albums, dont le premier au titre éponyme, non réédité, demeure prisé des collectionneurs.

Au verso de la pochette conçue par Bruno Ducourant, les instruments posés au sol des différents membres du groupe s’exposent tels des trophées. La basse de Gilles Douieb, la guitare et le tom des frères Cinélu, le Micro Moog d’Olivier Hutman, la flûte de Denis Barbier ainsi que les saxes de Jean-Pierre Gidon et d‘Éric Letourneux répondent aux portraits griffonnés des 7 instrumentistes en cover. Créé en 1975, le groupe ne comportait pas à l’origine sa section cuivre. Après sa signature chez EMI, la production des albums Chute libre (1977) et Ali Baba (1978) puis de nombreux concerts dont un Olympia, le groupe se sépare en 1979.

Leur premier opus, enregistré au sein des prestigieux studios Pathé Marconi, comporte huit morceaux où groove funky s’acoquine avec gourmandise à un esprit « free », entraînant chaque composition vers des horizons inattendus. Les influences sont multiples: culture rock du côté de J-P. Gidon, Coltrane et Miles pour le claviériste Olivier Hutman, milieu classique et pop pour Denis Barbier, alors que Mino Cinélu, d’ascendance martiniquaise, tissait le lien avec les Antilles et l’afro-funk. De la synthèse jazz-rock du morceau Sainte Bernadette au funk de Jerba, jusqu’aux envolées lyriques de flûtes dans Flaucerto, Olivier Hutman se souvient de l’apport de chacun : « A cette époque tu n’avais pas d’école pour apprendre la musique. On venait tous de styles différents, moi j’ai une formation classique […] On écoutait de tout, c’était une époque hybride hyper importante ».

Penelope au balcon, premier morceau de la face B, émerge de cet ensemble par la singularité candide de sa ligne mélodique, irrésistiblement entêtante. Spasmolune, psychédélique à souhait, navigue sur des rythmes stratosphériques quand Jeremy, morceau qui conclue l’album, résume  l’audace d’une expérimentation authentique, où jazz, rythmes africanisants et chants ethniques s’unissent et se succèdent dans un joyeux tumulte.

Le titre de ce premier album n’aura pas de valeur prémonitoire. Plutôt qu’une chute libre, cette bande de copains musiciens tutoiera les sommets : leur talent les mènera par la suite vers d’innombrables collaborations, et notamment, tels Mino Cinélu et Olivier Hutman, vers de formidables carrières de sideman auprès des plus grands.

Tracklisting :

1: Black Sweat

2: JerbaTao

3: Sainte Bernadette

4: Flauçerto

5: Penelope Au Balcon

6: Spasmolune

7: Jeremy

Chute Libre / Chute Libre, EMI, 1977

Ecrit par Benjamin Grinda

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