#Chronique #Souvenirs #70ans Nice Jazz Festival : Jack, Ginger & Biréli

12 juillet 1986, Nice Jazz Festival, le soleil est encore haut dans le ciel quand arrive sur la « Arena Stage » de la, un jeune homme en bermuda et T-shirt blanc, une Gibson ES-335 à la main. « Le roadie qui vient tester les branchements » ce dit-on. Un gros accord, distorsion à fond, la guitare fonctionne. Il est rejoint par un bassiste et un batteur. On reconnait immédiatement les deux anciens membres de Cream que sont Jack Bruce et Ginger Baker puis un saxophoniste élégant, encore inconnu à l’époque, Courtney Pine.

Le jeune homme au bermuda devant son ampli est, en fait, le guitariste du groupe éphémère « ERE », un certain Biréli Lagrène, tout juste 20 ans. Il revient de New York où il a joué avec Jaco Pastorius. L’impression d’entendre le bon vieux blues rock de Cream est là, dès les premières minutes. La voix de Jack Bruce, sa complicité avec Ginger Baker semble intacte. Biréli Lagrène démontre immédiatement sa technique, sa virtuosité reprenant note pour note les chorus d’Éric Clapton sous le regard amusé et surpris d’un public qui s’attend tout de même à écouter du jazz. Les premières envolées de Courtney Pine les rassurent, il souffle dans son soprano puis son ténor avec puissance, énergie et un groove très postbop.

 Jack Bruce et Courtney Pine rivalisaient de virtuosité dans des duos assez enlevés, bousculés par le drumming intensif de Ginger Baker. Biréli Lagrène, qui était encore un peu timide à l’époque, reste un peu en retrait même si sa dextérité n’était déjà plus à prouver. Un peu avant la fin du gig, Ginger Baker se lance dans son fameux long solo de batterie. Un moment envoutant, ses influences de percussions africaines affleurent au milieu de roulements de tambour et d’éclats cinglants de cymbales qui pour le coup font taire les quelques cigales qui cymbalisaient, elles aussi, quelques instants plus tôt.

En rappel, Biréli Lagrène nous gratifia d’une petite démonstration de son talent, imitant à la perfection, le jeu de Clapton, d’Hendrix, de Jeff Beck avant de céder la place à du « vrai » jazz : The New York All Stars. Percy Heath tombé malade se voyait remplacé au pied levé par… Jack Bruce. De loin, on pouvait entendre les dernières mesures vaudou du set de Dr John et son Night Tripper. Ils étaient aussi programmés à 23h, nous ne manquerions pas d’en profiter.

http://www.nicejazzfestival.fr

Ecrit par Jacques Lerognon

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