Native du Bronx, Meredith Monk a fêté récemment ses 80 ans à la Philharmonie de Paris. La parution aux Editions Le mot et le Reste d’un recueil d’entretiens avec Jean-Louis Tallon nous permet de faire dans notre journal, un focus sur cette grande artiste du 20e et 21e siècle.
Le livre, titré, « Meredith Monk. Une voix mystique », est composé de deux séries de conversations de l’auteur avec la compositrice, tout d’abord en 2014, en tête à tête, puis en 2020 en visioconférence, pandémie oblige, On imagine le travail de retranscription de ses échanges qui ont eu lieu essentiellement en anglais même si Meredith parle le français. Les questions comme les réponses portent essentiellement sur l’œuvre de Meredith Monk. Peu de références ou d’anecdotes biographiques sauf quand elles renseignent sur les contextes de tel ou tel spectacle. Car les voix de cette artiste essentielle sont diverses. Bien sûr elle compose, chante et joue du piano et de l’orgue mais elle danse, met en scène ses spectacles. « Art total » la qualifie généralement très bien. Une représentation peut parfois être répartie sur plusieurs lieux dans divers endroits de New York sur deux ou trois jours comme une de ses premières œuvres magistrales : Vessel:An Opera Epic, (1971) inspirée de la vie de Jeanne d’Arc !
Ses opéras ont pour caractéristique de ne pas avoir de livret mais un canevas. Une manière que les compositeurs contemporains utiliseront beaucoup pour renouveler les modes narratifs. Et renouveler les la façon de jouer, d’interpréter, d’écrire, c’est bien ce que faisait les jazzmen et pas seulement dans le free jazz. Pour poursuivre le rapprochement avec le jazz, Terry Riley qui a de nombreuses fois croisé la route de Meredith Monk, disait « La musique répétitive n’aurait pas existé sans John Coltrane« . C’est dire que ces deux mondes sont plus proches que l’on ne pense. D’ailleurs à ses débuts en 1966, Meredith interprétait à sa façon « Greensleeves » tout comme le saxophoniste quelques années avant. Abondamment annoté et illustrés de photos rares, cet ouvrage nous permet de découvrir une musicienne incontournable qui mérite une reconnaissance au moins égale à celle de ses pairs masculins (Glass, Cage, Reich). Finissons sur une remarque Meredith à Jean-Louis Tallon :
Je ne me considère pas comme une femme artiste : je suis une artiste qui se trouve être une femme.
Les mots sont fort de sens !
« Meredith Monk, Une voix mystique » – Entretiens avec Jean-Louis Tallon
Editions Le mot et le Reste
