On retrouve avec grand plaisir ce magnifique site du jardin de la Liberté, avec ses arbres majestueux et sa belle vue sur la mer pour la première soirée du 12e Saint Jazz Cap Ferrat.
C’est la chanteuse coréenne Youn Sun Nah qui ouvre cette édition, elle est en duo avec le claviériste Benjamin Moussay.
Elle nous convie à un voyage intimiste dans son univers, en commençant par susurrer les premiers vers de la chanson « Feeling Good », rendue fameuse par Nina Simone, simplement accompagnée de son petit kalimba. Elle enchaine très vite avec sa version de « I’ve Seen That Face Before » inspiré du « Libertango » d’Astror Piazzolla que Benjamin Moussay accompagne d’accords plaqués comme pour bien marquer la cadence.
Elle revisite ensuite le « White Rabbit » de Grace Slick avec le jeu presque funky de Benjamin Moussay ou « Killing Me Softly With This Song » que le public reprend avec elle – plus ou moins juste! Les cigales sont là, elle joue et duotte avec elles.
« Coisas Da Terra » nous permet d’entendre de très beaux passages au Rhodes avant les toujours surprenants scats où elle imite la contrebasse alors que le pianiste joue de son vieux synthé vintage. Le temps passe vite, on entend le ressac dans la baie quand ils reviennent pour le rappel et la chanson « La Foule » qui finit de séduire des spectateurs enthousiastes.
A peine le temps d’aller se rafraichir que les quatre musiciens d’A.S.T.A. prennent place sur la scène. André Ceccarelli, le premier A du groupe, vient au micro et dédie cette soirée à la mémoire de Marc Peillon, Sylvain Luc et Didier Lockwood, trois de ses amis disparus avec qui il a joué dans ce festival. Sylvain Beuf, le « S » est aux saxophones, Thomas Bramerie, le « T » à la contrebasse et Antonio Farao, le second « A » au piano. Rencontre au sommet.
Un quartet all-stars. Mais, surtout, ce sont quatre amis qui partagent des scènes depuis des années et vont partager avec nous le répertoire de leur deuxième album, ASTA2. (Bonsaï Music-2023).
Du beau jazz à l’ancienne avec les solos de piano ou de saxophone qui s’enchaînent, soutenus par une paire rythmique aussi brillante qu’efficace. Dans les tempos lents, Sylvain Beuf choisit plutôt le soprano alors que dans les thèmes plus vifs, il utilise le ténor. Quelques craquements suspects… L’ampli de basse a rendu l’âme ! Les techniciens s’affairent et le remplacent rapidement.
Le concert reprend de plus belle avec un solo de piano de toute beauté, Antonio Farao semble inspiré par la magie du lieu. Les titres se succèdent sans que les musiciens ne disent mot, sauf parfois un merci discrètement lancé par Dédé Ceccarelli qui manie toujours ses balais de mains de maître.
Le dernier morceau du set est magnifiquement introduit puis conclu par des chorus échevelés de Thomas Bramerie. Ils reviennent pour un court rappel en forme de standard.
Quelle belle première soirée saint-jeannoise.
Le 08/08/24 place de la Liberté – St Jean Cap-Ferrat