#LiveReport: Jazz à ramatuelle – Gauthier Toux – Cecil L. Recchia

Le festival Jazz à Ramatuelle retrouve ses marques, ses coussins rouges et le Théâtre de Verdure pour cette soirée sous les étoiles composée de deux parties très différentes le Gauthier Toux trio et le sextet de Cecil L. Recchia.

La formation de Gauthier Toux est-elle un trio classique et sage ? Maxence Sibille à la batterie, Simon Tailleux à la contrebasse et Gauthier Toux au piano entament tranquillement ce set autour du projet « The Biggest Steps », album sorti au printemps dernier. Si les premières notes égrenées par le pianiste augurent d’une certain retour aux sources, le ton enfle vite, le tonnerre de la basse et de la batterie roule sous les doigts des musiciens. Le rythme est soutenu, le chœur à trois voix s’installe, avec des degrés de liberté, des chemins de traverses. Ainsi le cœur que fait palpiter Simon Tailleux à la contrebasse est vite rejoint par le piano en une scansion particulière.

Gauthier Toux, justement, utilise toutes les cordes à son arc et de son piano, qui développe de multiples voix et voies… y compris celle de la percussion. Imperturbable, du moins en apparence, Maxence Sibille assure une rythmique tout en finesse, caisse claire sèche et précise.

Le leader du groupe explique la genèse de ces compositions comme « There Is No Shortcuts » ou bien « A Secret Place » : un bilan de sa vie (encore très courte !)  loin des sunlights, lors du confinement La narration se fait plus intime avec un magnifique solo de piano « Twelve », une belle histoire d’amour.

Et le trio de conclure avec une reprise très particulière de « Jenny Wren », un morceau peu connu de Paul Mc Cartney, le trio semble avoir digéré les multiples influences musicales qui les ont construits pour tracer sa propre route, une vibration intense basse-batterie soutenue par la mélodie du piano. Une heure de virtuosité, de partage mais aussi d’humilité.

Après une courte pause, le staff technique de Ramatuelle fait des merveilles, Cecil L. Recchia et son ensemble font leur entrée pour une deuxième partie très swing. Logique puisque ce concert reprend les morceaux du projet Play Blue : pendant le confinement, la chanteuse a travaillé des standards instrumentaux du label  Blue Note et a écrit des textes, qui célèbrent les compositeurs et musiciens, tout en leur donnant une structure plus moderne. Les arrangements étant assurés par David Grébil, omniprésent à la batterie. La chanteuse est entourée d’un orchestre de talent, outre le batteur, le très jeune Noé Huchard au piano, le contrebassiste Luca Fattorini, Malo Mazurié à la trompette enfin  César Poirier qui alterne clarinette et saxophone…

Un ensemble qui se la joue classique, trompette bouchée, voix qui enrobe, rythmique sans faille, pas de novation, mais tout est millimétré pour le swing…Naturel pour faire découvrir ou redécouvrir The Finest In Jazz Since 1939, slogan de la fameuse maison de disque. Pour chaque morceau, compositions de Lee Morgan, Horace Silver, Kenny Dohram ou bien encore Wayne Shorter, Cecil L. Recchia nous explique la genèse des paroles, textes souvent très personnels de la chanteuse.

Jeunes et moins jeunes dans le public auront ainsi, dans le Théâtre de Verdure de Ramatuelle, appris – ou révisé – une belle page de l’histoire du jazz.

https://jazzaramatuelle.com

Ecrit par Jacques Lerognon

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