#LiveReport : Nice Jazz Festival, jour #2 : Cécile McLorin Salvant, Branford Marsalis, Thomas Dutronc

Le vent fait entendre son souffle en ce début du deuxième jour de festival. Les avions volent bas et rasent les abords de la ville mais l’équipe du Jazzophone est fidèle au poste alléché par un programme gouleyant.

La soirée commence façon récital : piano-voix. Mais quel pianiste et quelle chanteuse. Sullivan Fortner, courbé sur le Steinway regarde Cécile McLorin Salvant debout, droite dans sa belle robe bleue. Un clin d’œil et ils commencent. Deux petites trilles et elle entame une chanson en français. Suivront quelques reprises de Diane Reeves, Dionne Warwick, Gregory Porter ou Kurt Weil. Un petit délice que cette dernière. Les interventions staccato et facétieuses de Sullivan, la voix de Cécile qui passe sans effort, ni rupture, du falsetto au grave profond. Parmi les divers thèmes, quelques compositions personnelles dont « Doudou » écrite en pensant à la dentiste de son enfance (à découvrir). Un passage par le blues avec le très intense « Spoonful » de Willie Dixon. En toute fin, elle s’assoit près du piano pour « Ghost Song » qu’elle chante en duo avec Mister Fortner. Même le vent semble s’apaiser. Cécile McLorin Salvant est certainement une des grandes chanteuses de la scène jazz internationale mais surtout une grande interprète. Qu’elle les ai écrites ou pas, elle fait de chaque chanson, la sienne, pour nous.

Puis le saxophoniste étasunien Branford Marsalis nous propose de passer « un evening » avec lui et ses trois compères. Une proposition qui ne se refuse pas quand on est amateur de jazz. Branford, l’aîné des Marsalis, le saxophoniste, plus de quarante ans de tournée n’ont pas affecté son plaisir de jouer. Une joie communicative qui se repend, ondoie, de rang en rang chez les spectateurs. Les quatre musiciens sont à un tel niveau qu’ils n’ont pas besoin de forcer leur talent pour nous offrir un set de très grande tenue. Au piano Joey Calderazzo est époustouflant. Vers la fin du set, le tempo s’emballe pour le plus grand plaisir de tous les spectateurs.

C’est Thomas Dutronc, entouré de quelques jazzmen hexagonaux qui clôture cette seconde journée de NJF. Éric Legnini au piano, Thomas Bramerie à la contrebasse et Rocky Gresset aux guitares, Denis Benarrosh derrière ses fûts, sont de la partie avec trois soufflants sur l’estrade. On sait, dès les premières mesures, que cela va swinguer. En ces temps de COVID, il commence avec ironie par chanter le bisou nous dit’il, « Plus je t’embrasse » avant de passer aux petites fleurs de Sidney Bechet et de parcourir sur plus une heure et demi son récent album « Frenchy« , réussissant même à faire swinguer cette scie électro qu’est « Get Lucky ». Ils font une pause pour une dégustation de vin (un mourvèdre, qu’il ne partage pas avec le public) tout en s’amusant avec quelques instrumentaux manouches , en duo ou en trio. On n’énuméra pas la setlist mais on retiendra sa belle version de « La mer » de Trenet. Un feu d’artifice avant l’heure.

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Ecrit par Jacques Lerognon

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