#LiveReport : Peillon Jazz Festival : Monsieur Mâlâ & Joe Henderson Tribute

Tout comme la veille, cette deuxième soirée au Peillon Jazz Festival est contrastée. Le jazz urbain électrique de Monsieur Mâlâ précède un hommage à Joe Henderson, l’un des maitres du sax ténor de la deuxième moitié du 20e siècle.

C’est donc le jeune quintet Monsieur Mâlâ qui entre, un peu avant 21h sur la scène peillonnaise.

Les cinq musiciens nous proposent un jazz actuel et virtuose où les sonorités du synthé analogique de Nicholas Vella se mêlent à celle de la mandoline électrique de Robin Antunes et du sax ténor de Balthazar Naturel. Ils sont propulsés par une rythmique puissante au groove imparable, Swaéli Mbabbé à la basse 5-cordes et Yoann Danier à la batterie.

On découvre la musique de leur premier album éponyme. Groupe sans leader, ils prennent chacun leur tour la parole pour nous entraîner dans leur monde, nous faire bouger, danser, chanter même. Impossible de rester assis à l’écoute de leur jazz. De « Little Ones » écrit pour leurs propres enfants mais dédiés à tous les enfants malheureux dans le monde à « J’ose » une compo du batteur. Robin Antunes délaisse sa mandoline pour un violon, il nous mène dans les rues de Tripoli, les harmonies se font plus orientales.

Vers la fin de leur set, Balthazar Naturel pose son sax pour emboucher un drôle d’instrument noir, long avec une boule tout au bout. C’est un cor anglais (en fait ce n’est pas un cor mais plutôt un hautbois et il n’a rien d’anglais. Mystère !). Et le morceau qu’ils jouent se nomme « Cor Anglais in E minor (Op. 3) ».

On pense qu’ils ont fini mais non, trompette en main, Ludovic Louis, au programme de la soirée du 30, rejoint ses amis sur scène pour un petit morceau final.

Magie d’un festival à taille humaine…

Changement de plateau et surtout changement total de style. On plonge dans la tradition du hard bop avec le sextet de Pierre Bertrand dans un hommage à Joe Henderson, légendaire saxophoniste américain décédé en 2001. Pierre Bertrand a monté spécialement ce groupe pour le PJF.

À la trompette, Diego Urcola. Le musicien argentin fut sideman d’Henderson et il a conservé les partitions d’époque.

Au trombone, un compagnon de route de Magma, Denis Leloup. Éric Legnini est aux claviers, Thomas Bramerie à la contrebasse et Franck Agulhon aux baguettes.

Fidèle à ses habitudes de chef d’orchestre, Pierre Bertrand dirige ses compères, d’un index discret ou d’un léger mouvement du bec de son saxophone. Il n’oublie pas non plus de parsemer le set d’anecdotes, comme celle de sa rencontre avec le ténor étasunien dans les allées de la Grande Parade du Jazz à Cimiez. Où, à la question qu’est-ce que vous faites ?, Pierre Bertrand répond, j’apprends le saxophone et Joe Henderson de répondre, tiens, moi aussi. On ne détaillera pas la setlist. Morceaux connus ou moins connus se succèdent sur une frappe à la fois magistrale et sobre de Franck Agulhon. Master of the beat !

Le premier solo de Thomas Bramerie est impressionnant de beauté et d’élégance. Tout en swing, Éric Legnini nous offre de belles parties de piano.

Un peu plus effacé, Denis Leloup fait néanmoins quelques belles envolées au trombone en solo mais aussi et surtout, associé à la trompette d’Urcala, dans des jaillissements de cuivre.

Un peu avant les rappels (et il y en aura…) le musicien argentin nous rappelle une des phrases favorites de Joe Henderson qui disait « What was good, is good ».
Que dire de plus ?

Le 29/06/24 place Arnulf –Peillon (06)
Ecrit par Jacques Lerognon

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