#Jazz & #Littérature : Weather Report par Christophe Delbrouck

Weather Report, inégalable et irremplaçable. Le livre de Christophe Delbrouck vent à point pour nous le rappeler.

En 470 fortes pages, nous traversons l’existence de ce groupe qui fit de la fusion, ou jazz-rock, comme on l’appelait à l’époque, une musique universelle et dansante, sensuelle et ludique. Nous traversons l’existence de ce groupe phénoménal, le plus doué de ce que l’on avait appelé à l’époque « les enfants de Miles ». Miles Davis, parlons-en, justement. C’est à la sortie des séances de « In a Silent way » que  Joe Zawinul (claviers) et Wayne Shorter (Sax ténor et soprano) décident de quitter le « Dark magus » dont ils ne supportent plus le leadership à la fois autoritaire et erratique, et de créer leur propre formation. Ils décident alors après moult atermoiements (Wayne fait encore partie du groupe de scène de Miles) de voler de leurs propres ailes, le « Bulletin météo » est né. Tournant le dos aux expériences du free et aux canons du rock, ils ils décident de créé une musique hybride, empruntant tout aussi bien à la soul (Joe est le compositeur du tube « Mercy, mercy, Mercy » pour Cannonblall Adderley dont il fut le pianiste) qu’aux musiques ethniques. Après quelques errances « avant-gardistes » relatées ici dans le détail, majoritairement dues à leur premier bassiste Miroslav Vitous, ils resserrent le tir, et produisent une musique dont le maître mot est « funk » même si ne sont pas absentes les longues plages inspirées par les concepts modaux de leur ex-employeur. Puis vint la rencontre, en 1976, de celui qu’on surnommera le « Jimi Hendrix de la basse », l’incroyable Jaco Pastorius. Et là, non seulement le succès est au rendez-vous, mais la créativité atteint des sommets. Marquant de manière indélébile la musique de son époque et de celles à venir. L’album « Heavy Weather » constitue sans doute le sommet de cette hydre à trois têtes qu’est devenu le groupe. Mais ces sommets, à la fois commerciaux et critiques, ont leur prix à payer : lorsqu’on atteint de telles hauteurs, l’air se raréfie.  Et la route se diversifie, les choix sont plus hasardeux, le groupe obtient encore le succès avec l’album « Mr Gone » puis leurs routes se séparent… Pastorius qui a quitté le groupe connait une fin tragique à Miami, les tensions minent le groupe malgré de nouveaux musiciens de très grande qualité comme le percussionniste antillais Mino Cinelu ou le bassiste Victor Bailey, et les ventes s’en ressentent… Puis l’inévitable dissolution, et de nouvelles routes pour chacun. L’histoire ô combien passionnante de l’un des groupes les plus fascinants d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Weather Report par Christophe Delbrouck aux Editions Le Mot et le Reste

Ecrit par Gilbert D'Alto

Les commentaires sont fermés.

  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone