#LiveReport : Luc Fenoli : deux trios, deux endroits

Les 4 et 5 décembre derniers, le guitariste Luc Fenoli, professeur au Conservatoire de Nice, compagnon de route de Nicolas Folmer et de Fred Luzignant, nous présentait tout d’abord à la Cave Romagnan puis le lendemain au Shapko Bar, deux trios, aussi dissemblables qu’excellents. Tout d’abord, à la Cave Romagnan, un trio classique avec Luc, guitare, Jean-Marie Carmiel, contrebasse et Yoann Serra, batterie. Excellence à tous les niveaux.

Sur la trame habituelle de Standards, le trio tisse avec talent et beaucoup de goût, un canevas toujours renouvelé, avec un « interplay » roboratif, se relançant la balle constamment, sans qu’aucun d’eux ne tire la couverture à lui, mais agissant au contraire dans l’esprit d’une pure musicalité. Une belle preuve d’intelligence collective de la part d’un trio au faîte de la musicalité, avec une estime réciproque. Un mot néanmoins de la performance toute en finesse de Yoann Serra, impérial de bout en bout, mais qui céda sa place l’espace de deux morceaux à un Laurent Sarrien visiblement ravi de se retrouver derrière les fûts pour une jam impromptue. Le lendemain soir, autre ambiance. Au Shapko Bar, qui ouvre à l’heure où la Cave Romagnan ferme (23 h), une configuration toute différente : plus de basse, mais un orgue Hammond tenu par Jo Kaiat, et la batterie aux mains de Christian Grassard, Luc étant bien sur à la guitare. Là, le discours etait différent. Moins jazz, plus funky, plus blues, plus « churchy « (gospel), la présence de l’orgue n’y étant pas pour rien… Un répertoire de standards et de blues propre à satisfaire un auditoire hélas clairsemé, surtout pendant la 1ère heure du show. Jo Kaiat, évoque souvent Lou Bennett, et Luc pour sa part René Thomas, ce qui donne un écho appréciable d’un des trios d’orgue les plus connus de l’histoire du jazz , avec celui de Jimmy Smith, bien sur. Un trio magistral, rappelant les grandes heures du jazz modal et du be-bop, une musique toujours aussi fraîche et moderne qu’il y a 50 ou 80 ans ! En bref, deux soirées mémorables qui nous laissent voir que le jazz a encore de belles années devant lui.

Ecrit par Gilbert D'Alto

Les commentaires sont fermés.

  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone