Jazz & Rencontres : Jo Kaïat pianiste et globe-trotter

Jazzman avant tout, mais infatigable explorateur d’univers musicaux, Jo Kaiat parcourt la planète de continent en continent, toujours à la recherche de l’émerveillement que lui procure une nouvelle rencontre musicale. Un musicien passionnant et passionné qu’il était plus que temps de présenter ici.

Né à Nice dans les années soixante, Jo Kaiat apprend le piano en autodidacte à l’âge de 13 ans, découvre le jazz à 15 ans et est déjà également sensible aux musiques venues d’Afrique. Il suit ensuite des cours privés et fréquente le Conservatoire de sa ville natale. Il se met rapidement à fréquenter une bande de musiciens qui tous marqueront le jazz niçois, Jean-Luc Danna, Eric Polchi, etc. et surtout deux niçois légendes du jazz international Bibi Rovère et Barney Wilen.

Après avoir «  fait ses classes » avec eux pourrait-on dire, l’envie lui vient d’aller voir ailleurs (elle lui reviendra souvent…) et c’est le départ pour Paris à l’âge de 18 ans. Paris est à l’époque une plaque tournante musicale  et Jo Kaiat joue avec des musiciens de tous styles, jazz, free jazz, musiques africaines, antillaises, etc. et multiplie les rencontres : Mario Canonge, Bibi Louison, Richard Raux, Patrick Artero, Jef Sicard, et surtout le musicien congolais Sammy Massamba avec qui il partira en tournée en Europe. Après l’expérience parisienne, un bref retour sur Nice, et en 1987, c’est de nouveau l’envol vers l’inconnu, et c’est Israël que choisit Jo Kaiat pour développer d’autres facettes musicales de sa personnalité. Il y restera 6 ans. De ces 6 ans, 4 seront passés à l’Académie Rubin de Jérusalem, où Jo Kaiat étudie alors la composition classique, tout en enseignant le piano, et en jouant dans les clubs de jazz le soir, où il rencontre  et joue avec la génération montante du jazz israélien, comme Amos Hoffmann et un jeune contrebassiste du nom d’Avishai Cohen… Mais après ces fructueuses années, l’appel du large se fait encore une fois entendre, et Jo Kaiat décide de se rendre dans «  la source du jazz » : New York.

Il y restera 2 ans, y retrouvant Omer Avital qu’il avait connu à Tel-Aviv,  et se liant avec beaucoup de jazzmen comme Dennis Charles, Andy McCloud, Clifford Jarvis. Il passera également un an à la Mannes School  of music, et fera beaucoup de « gigs » (spectacles ou concerts en argot de musicien) à l’orgue à Harlem.

C’est lors d’un ces « gigs » que lui vient l’envie d’aller à la source de la plupart des musiques qu’il aime : l’Afrique. C’est par le nord qu’il aborde le continent, et le Maroc est le 1er pays du continent qu’il visite,  il rencontre le multi-instrumentiste Majid Bekkas (Gnaoua), avec qui il se lie d’amitié et y reviendra y jouer souvent.

Il traverse le Sahara et se rend au Sénégal une semaine puis prend la ligne Dakar-Bamako, et se rend au Mali, où il restera 5 ans et rencontrera celle qui deviendra son épouse et la mère de ses enfants. Il commence par prendre des cours de djembé, puis sur sa moto et son mélodica en poche, se produira dans des  mariages, des baptêmes,  des fêtes de village dans la brousse. Il explore toutes les facettes de la musique  malienne et joue avec  de grands musiciens maliens comme Toumani Diabaté et Salif Keita.

En 1999 il effectue un voyage en Inde à la rencontre de la musique indienne, et c’est le retour à Paris, la signature chez Érato/Warner et la naissance du double album « Departures ». Le premier décolle entre Marrakech et le Mali, le second plane vers l’Inde avec un violoniste et un joueur de tablas. »  (Hélène Lee « Libération »). Jo Kaiat tourne alors avec un groupe qui comprend deux percussionnistes, chanteurs et danseurs et se produit à La Cigale et aux Transmusicales de Rennes.

De nouveau installé à Nice il continue néanmoins de vadrouiller à travers le monde, allant de nouveau au Maroc et au Sénégal et  s’est récemment rendu à Cuba, pour y travailler les rythmes sud -Américains, car cette partie du monde et ses musiques, l’intéressent au plus haut point, et il compte y aller bientôt. Salsa, tango font désormais partie de sa panoplie musicale, il travaille avec Antonela Lucia, chanteuse argentine,  et également avec la chanteuse d’origine kabyle Syna Awel. Il va également se rendre également en Israël pour y développer un projet autour de la musique de la diaspora juive.

La tête fourmillant d’idées, les oreilles ouvertes à tout ; à l’heure où vous lirez ces lignes, il sera certainement en route vers de nouvelles aventures.

https://www.jokaiat.com

Ecrit par Gilbert D'Alto
  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone