#LiveReport : Miscellanées, Jazz de partout !

C’est dans la charmante commune d’Aspremont dans le cadre des Estivales 06 que commença le 22 juillet ce périple qui a emmené pendant deux semaines l’équipe du Jazzophone dans divers lieux Jazz du département.

Avec tout d’abord la prestation du Bopster Blue Sextet de Sébastien Chaumont (Seb Chaumont, alto sax et vocaux, Olivier Slama, piano, Jérôme Etcheverry, trompette, Constantin Guigaud, sax ténor et clarinette, Sébastien Lamine, contrebasse et Jonathan Gomis, batterie) qui offrait un spectacle de grande qualité empli de swing, de blues, et de fraîcheur avec une musique venue tout droit des années 30 et 40. Sébastien Chaumont, leader charismatique pousse la chansonnette avec une belle ferveur sur des thèmes de Wynonie Harris (« Teardrops from my eyes »), Amos Milburn, ou encore Louis Jordan (« Is you  or is you ain’t my baby ? ») et les trois principaux solistes improvisent de belle manière sur les arrangements écrits par Olvier Slama. Les unissons de cuivres sont parfaits et rutilants, les soli excellents, en particulier ceux du brillant Jérôme Etcheverry à la trompette, et Seb Chaumont devient de plus en plus un grand chanteur de rhythm &blues, en constant progrès , comme nous l’a prouvé sa version du « Life is suicide » de Percy Mayfield. Une soirée jubilatoire !

Le surlendemain, c’est chez l’ami Manu, à la Cave Romagnan que nous sommes allés écouter le « Herbillevans Trio » :  Fred D’Oelsnitz, piano, Christian Pachiaudi, contrebasse et Alain Asplanato, batterie, qui se dédie à l’interprétation de la musique de ces deux géants du piano jazz que sont Herbie Hancock et Bill Evans. Une balade remarquable dans l’œuvre de ces deux monstres sacrés de la musique du XXème siècle dans laquelle nous ont emmenés ces trois virtuoses.

Défilent les standards mythiques de l’un et de l’autre : « Waltz for Debby » (Bill) « Actual proof » (Herbie) « Nardis » (Bill) par Miles interposé), etc. Le jeu de Fred D’Oelsnitz, le maître d’oeuvre, est impressionnant, à la croisée des deux styles, en y rajoutant ça et là des pontes d’influences « MCCoy Tyneriennes« . Puis, divine surprise, arriva Dimitri Shapko, son sax ténor sur l’épaule pour se joindre aux trois autres le temps de deux standards « Doxy » de Sonny Rollins, et la ballade ellingtonienne  »In a sentimental  mood » jouée dans un style proche de Ben Webster, avec un son d’une force éléphantesque et un feeling venu tout droit des tripes ! Un grand moment d’émotion qui provoqua un frisson presque palpable chez les habitués de la Cave Romagnan, ce lieu à nul autre pareil.

Le quartet de Thomas Galliano se produisait le dimanche soir suivant au Shapko avec en invité spécial le pianiste New-Yorkais Misha Piatigorsky, Baptiste Horcholle au Sax ténor, Giliard Leitzke Lopes à laContrebasse et bien sur Thomas Galliano à la batterie. Un feu d’artifice de virtuosité dès le départ avec un pianiste qui joue tout à cent à l’heure et qui entraine tout le monde derrière lui, même si son jeu n’est pas exempt de certaines facilités, et d’inutiles démonstrations. Un grand plaisir de retrouver Baptiste Horcholle au ténor, à qui les années new-yorkaises semblent avoir bien profité, tant au niveau du souffle que du son. L’inspiration, elle, est toujours là. Quant à la rythmique, elle est d’une puissance rare. Un ouragan de jazz ce soir là, au Shapko, avec de nombreux musiciens dans l’assistance (Nina Papa, Caetano Fernandez et bien d’autres encore…).

le Mardi soir suivant, nous voilà au Festival So Jazz de la Colle Sur Loup dont la programmation est assurée par l’ami Phillipe Villa, pianiste de renom. Et ce soir là c’était au tour de Marjorie Martinez de venir présenter son nouvel album « Flowers -Tribute to Billie Holiday » au public collois, (et niçois, car de nombreux confrères musiciens de Marjorie Martinez s’étaient glissés dans l’assistance, dont Baptiste Horcholle dont nous parlons plus haut). Autour de Marjorie Martinez nous retrouvons deux musiciens caméléons, décidément capables de tout jouer et entendus auparavant cette semaine, Giliard Lopes à la contrebasse et Alain Asplanato à la batterie, augmentés de Linus Olsson à la guitare. Sensible hommage, plein d’admiration que ce « Flowers », qui a su éviter l’écueil des morceaux tragiques de Billie comme « Strange Fruit » ou « Gloomy sunday » marqués du sceau de Lady Day, mais plutôt une succession de standards interprétés par Billie ou même de sa plume comme ce « God bless the child » final et plein d’entrain qui succédait à un poignant « Good morning heartache ». Un beau moment servi par une charismatique chanteuse et trois musiciens de haut niveau (Giliard Lopes, bassiste d’exception). Un bel hommage.

Enfin nous avons terminé ce périple à La Trinquette, ce sympathique restaurant de Villefranche sur Mer, ou le patron, Jean-Charles, fan de jazz, propose des concerts tous les week-ends. Nous voilà donc dans le cadre magnifique du port de La Darse, face à mer, pour déguster dans les meilleures conditions l’hommage à Cannonball Adderley rendu par Baptiste Herbin et son quartet de folie, à l’impressionnant line-up : Pierre Marcus, contrebasse, Simon Chivallon, piano, Yoann Serra, batterie qui se produisaient le vendredi 2 août.

Emaillé de quelques compositions de Baptiste Herbin, cet hommage nous promena deux heures durant dans le répertoire de l’ancien accompagnateur de Miles Davis, majoritairement extraites de l’album « Cannonball Adderley Quintet in Chicago », telles que « Wabash », « Stars fell on Alabama » « Limehouse blues » (les deux derniers titres enchainés). Nous avons également droit à une composition de Baptiste Herbin dénommée « Sphere » en hommage à Thelonious Monk. On ne saurait quoi vanter en premier chez Baptiste Herbin : la virtuosité, l’énergie, la puissance ou l’intelligence, tant toutes ces qualités sont réunies dans son jeu. Quant aux trois autres musiciens, leur jeu est à l’avenant de celui du leader impeccables et rigoureux :  trilles limpides du piano, soutien sans faille de la contrebasse, et remarquables parties de batterie de la part de Yoann Serral’un des tous meilleurs batteurs français. Un concert de très haut niveau qui se conclut sur une composition de Baptiste Herbin ‘ »Mr X », écrite dans l’esprit des morceaux funky que composaient ensemble Cannonball et Joe Zawinul à la fin des années soixante. Une réjouissante finale pour un magnifique concert qui offrait une fantastique conclusion à ce périple entamé 10 jours auparavant et qui laissait l’équipe du Jazzophone épuisée mais ravie. Jazzy missa est.

Ecrit par Gilbert D'Alto

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