Interview : Thomas Enhco
Thomas Enhco… encore et encore !
Un peu méconnu du grand public, Thomas Enhco est certainement le plus prometteur des pianistes de jazz., à 27 ans il a depuis une dizaine d’années un CV que d’autres artistes n’ont pas dans toute une carrière.
INTERVIEW : CECILE… NO REGRET
No Regrets, un enregistrement de circonstance chanté par Cécile Mc Lorin Salvant en 2010, année où elle vient de remporter la plus belle récompense, le prix Thelonious Monk. Elle a 20 ans, le même âge qu’ Ella Fitzgerald quand elle a enregistré A-Tisket-A-Tisket, le même âge aussi que Sarah Vaughan avec I’ll Wait and Pray ainsi que Billie Holiday pour Big City Blues. Enregistré à New York le 9 juin 1930 avec, au piano James P. Johnson with the Bessemer Singers.
Il est toujours difficile de vouloir comparer une artiste à une autre mais il est facile de
dire que pour ceux qui ont écouté cette chanteuse franco américaine, le jazz a découvert la voix qui manquait depuis longtemps. Pour l’instant, son parcours est simple à tracer,
arrivée de Miami en France avec un bagage musical lyrique, elle va découvrir le jazz au
Conservatoire d’Aix-en-Provence avec le saxophoniste Jean-François Bonnel, le même qui
avec son quintet a enregistré No Regrets.
Depuis, le public azuréen a pu l’entendre trois fois, d’abord à Jazz à Domergue à Cannes, elle gagne aussi le prix du Jazz Vocal Thelonious Monk en 2010. Le deuxième concert a eu lieu l’an dernier au Nice Jazz Festival un 8 juillet, là encore, elle vient de remporter un Grammy Awards, pour ce concert, elle mêle humour et émotion quand elle reprend, par exemple, un texte de Judy Garland « …elle lui sert un verre de vin… quand il rentre le lendemain, elle a ses bigoudis… il part au boulot… il ne reviendra pas… ». Sa troisième visite est encore à Nice le 4 avril dernier au Théâtre Lino Ventura, toujours avec son trio, Paul Sikivie à la contrebasse,Lawrence Leathers à la batterie et l’extraordinaire pianiste et arrangeur Aaron Diehl avec qui, elle avait enregistré Woman Child en 2013. Cette année, un concert aussi fort que les précédents, où elle alterne standards
ou textes peu connus comme celui chanté en français et retrouvé chez le poète haïtien Ida Salomon.
Dans tous ses récitals, surtout en France, elle fait toujours une belle part
aux grands interprètes français, Barbara, Trenet, ce soir là, c’est Michel
Legrand et les Parapluies de Cherbourg.
« …La première fois que je l’ai vu, j’ai pleuré, après j’ai continué de regarder cette scène du film en pleurant à chaque fois et,là, je me suis dit, il faut
que ça cesse, il faut juste que je chante la chanson dans un autre registre,
j’aime chanter aussi Joséphine Baker, elle est drôle et en même temps
quand je l’entends, le fond c’est terrible et chez toutes les filles noires aujourd’hui
qui vivent en France, aux États Unis, je sais qu’à un moment, il y a eu cette
pensée là, je l’ai eu quand j’étais petite et donc, c’est quelque de chose de très vrai,
il faut être un peu conscient de ça, de ce problème… pour rester dans mes préférés
français, il y a aussi Trenet, j’ai choisi la Route Enchantée, j’aime aussi Barbara pour les chansons d’amour, ça fait partie des plus belles chansons qui existent et puis aussi celles avec un peu d’humour, c’est super important de rire et de ne pas trop se prendre au sérieux il faut prendre la musique au sérieux et ne pas se prendre au sérieux… »
Une grande partie de son répertoire est tirée des grands interprètes américains, notamment féminines qui ont marqué leurs époques où souvent leurs vies au quotidien ne furent pas toujours celles des divas comme Bessie Smith,
Cécile a interprété a cappella « Baby have pity
on Me » ou encore Judy Garland qu’elle admire :
« Quand on voit qu’elle était gamine et la maturité qu’elle avait dans son interprétation,
c’est incroyable, je crois que je n’ai jamais vu ça… en général, la vie de ces femmes
m’intéresse comme la soeur de Cab Calloway, Blanche Calloway qui était une des premières femmes à diriger un big band avec des hommes, elle a du être vraiment forte pour être prise au sérieux, ça me touche beaucoup,le jazz, ça reste quand même un monde de mecs… il y a des femmes de plus en plus mais, moi j’ai beaucoup d’admiration pour celles qui ont vécu tout ça, pour faire quelque chose de
forte intensité, elles l’ont fait ressentir dans leur musique d’une façon positive… je suis
aussi très sensible aux textes de Léo Ferré età l’émotivité dans la voix de Jacques Brel et j’aimerais bien pouvoir chanter quelques titresdu guitariste country Steve Earle, vous savez je suis très éclectique dans ce que j’écoute et souvent avec un morceau ça fait tilt, je pense à l’instant à Léonard Cohen, à Joni Mitchell ».
J-P. L. : Vous voyagez beaucoup, vous emportez
des livres ?
Cécile : Oui, oui, en ce moment, j’ai la Confusion des Sentiments de Stefan Zweig, Beloved de Toni Morisson, A la Recherche du Temps Perdu de Proust, ça fait déjà deux ans que je suis en train de le lire, j’avance très, très lentement… je viens de finir un livre de Kôbô Abe qui m’avait vraiment troublé, ça m’a donné des cauchemars, ça s’appelle Secret Rendez vous,c’était horrible et pas mal en même temps… la lecture, ça fait partie de mes plaisirs quand je voyage…
J-P. L. : Vous avez d’autres choses que vous aimez bien faire ?
Cécile : J’adore dessiner,j’adore peindre avec de
l’aquarelle, des gouaches, c’est quelque chose qui me calme surtout pendant
les voyages et là, pour mon prochain disque, la couverture ce sera quelque
chose que j’ai peint et tout l’intérieur du disque, ce sera avec mes paroles et mes
illustrations à côté, il va sortir en août.
Ce sont certainement les parisiens qui découvriront ce CD car cette déjà grande dame du jazz sera le 5 septembre au festival de jazz de La Villette.
INTERVIEW : Les 30 ans de Paolo Fresu
Tous les ans, Paolo Fresu fait le bonheur
des amateurs de jazz, non content de
revenir avec un nouveau répertoire, il
aime prendre son temps pour expliquer, en
excellent français, pourquoi il joue un thème
ou à quelle occasion lui est venue l’inspiration
et pendant ce temps là… bla… bla… souffle le
pianiste Roberto Cipelli dans son
dos mais il n’y a pas de quoi
énerver l’artiste, ses musiciens
sont des copains et ils le connaissent Suite →
Le Jazz OFF… c’est IN !
La bonne idée des organisateurs de festivals de jazz a été de créer des concerts en dehors de la scène principale. Une initiative intéressante qui permet aux musiciens sélectionnés de se produire dans ce fameux off comme par exemple pendant Jazz à Juan.
Il est paradoxal de constater que dans ces ‘off’ (1), le jazz est à 100 % au programme pendant que le in propose dans son programme des artistes n’ayant aucun rapport avec le jazz. On peut comprendre qu’en dehors de la gratuité de ces concerts, le public répond en nombre et avec assiduité à cette manifestation. Quand aux groupes invités, comme à Antibes Juan les Pins, ils viennent parfois de loin, notamment des Etats-Unis où de jeunes musiciens universitaires montent des big band de grande qualité et prennent sur leurs jours de vacances pour ce voyage culturel en sachant qu’ils vont jouer dans une ville où se déroule l’un des plus prestigieux festival de Jazz. Quant aux musiciens locaux, il faut pousser des coudes, si l’on peut dire, pour être retenus. Cette année, en mai, l’Office du Tourisme et la Médiathèque Albert Camus avaient sélectionné trois groupes, parmi une vingtaine de formations, pour un mini concert, le gagnant étant retenu pour ce off 2015. Sans démériter, le sextet Greenwood et le quintet Jacob Vacek n’ont pas eu les faveurs du jury, un jury qui a largement voté pour le Berthé Trio ( 2) avec Félix Joveniaux à la batterie, Thomas Cordogli à la basse et Mickaël Berthèlemy au piano qui est aussi le compositeur du groupe « …je compose souvent sans penser tout de suite au jazz, c’est parfois musiques du monde et même musique classique mais ça finit souvent en tempo jazz car, avec mes deux copains, on se connaît depuis longtemps à travers les Conservatoires de jazz de Nice et celui d’Antibes où j’ai débuté la musique dans la classe de Jean Manuel Jimenez… j’ai eu aussi la chance d’intégrer plusieurs groupes dont celui de Pierre Marcus avec lequel, nous avons remporté l’an dernier les Trophées du Jazz à la Gaude et nous allons rentrer en résidence avec le promoteur musical La Ruche Imago Production… c’est formidable de participer à ce off à Juan les Pins, j’ai l’impression de me rapprocher de la grande pinède où mes deux références, Herbie Hancock et Keith Jarret se sont produits… » Une belle récompense pour le groupe Berthé car, en même temps il recevait leurs diplômes de fin d’études au Conservatoire de Nice.
(1) Ils seront une trentaine de groupes à se produire sur la place de Gaulle à Antibes et dans la petite Pinède à Juan les Pins en fin d’après midi et en soirée après le concert sur la grande scène ainsi qu’au cours des parades tous les jours dans toute la ville dans l’esprit du jazz cher à Sydney Bechet.
(2) Concert le 19 juillet, place De Gaulle à Antibes.
Jazz à Domergue
#Interview : Sebastien Chaumont

Seb pour les aficionados du saxophoniste niçois Sébastien Chaumont, depuis une dizaine d’années, il est l’une des figures du jazz azuréen, un jazz très diversifié avec toutes ses tendances dont celle de Seb qui est dans la plus pure ligne de Charlie Parker avec des notes qui swinguent celles qui marquent les grands standards dans l’histoire du jazz.
Les “assos” et le Jazz – Jazz Up
Les grands festivals, les concerts prestigieux, les belles tournées aux quatre coins de la planète, c’est le quotidien des grands noms du jazz mais il y a aussi les autres, d’excellents musiciens mais sans impresario qui ont du mal à vivre de leur musique, ils galèrent pour trouver des lieux pour jouer. Ce sont souvent des bénévoles passionnés de jazz qui se réunissent en association, et qui organisent des concerts pour ces groupes, parmi elles il y a Jazz Up à Opio, une petite commune dans les Alpes Maritimes.
Au début, ils étaient un petit groupe de musiciens amateurs qui se réunissaient à Antibes sur une zone en passe de s’urbaniser… la cata pour le petit groupe jusqu’au jour où, parfois, la chance se présente. Habitant à Opio, plusieurs membres du groupe demandent à la municipalité s’il est possible de répéter de temps en temps dans la salle municipale… Permission accordée, si bien qu’une autre idée germe : pourquoi ne pas organiser occasionnellement un concert avec des musiciens reconnus de la région ? Encore une fois, la municipalité trouve l’initiative intéressante. Sitôt dit, sitôt fait, le premier concert a lieu. Au fil des années, l’association va trouver d’autres bénévoles prêts à sortir et ranger les chaises et les tables, à faire le ménage en fin de soirée et à tenir la buvette. Un seul mot d’ordre de la Mairie, que la salle soit nickel et prête à recevoir d’autres activités. Une belle aventure qui continue comme le raconte son président Michel Raynaud.
Est-ce que les concerts de jazz ont tissé un lien à Opio ?
Ça a tissé un lien, oui et non. C’est surtout que ça a donné une réputation et une image au village et à la municipalité… Avant on associait Opio et le Club Med maintenant, le maire raconte… quand on dit Opio, les gens disent ah, Jazz Up, ça commence à donner une notoriété au village.
Recevez vous une subvention ?
Aucune, on ne vit qu’avec les bénévoles et les gens qui viennent. Les 3 ou 4 premières années, c’est surtout nous qui avons payé le matériel parce que l’installation qui est là maintenant n’existe que depuis 3 ans et nous, nous existons depuis 8 ans. C’est-à-dire que
pendant 5 ans, c’est nous qui avons acheté tout le matériel, sonorisation et lumière, sur nos fonds propres mais ça fait partie de nos hobbies, c’est notre danseuse.
Parmi les bénévoles un médecin qui est aussi vice présidente, Jocelyne Saos…
Ce n’est pas le fait d’être vice présidente dans une association, c’est le fait d’être bénévole, on se partage les rôles, on choisit les musiciens, nous allons dans beaucoup de concerts pour aller écouter un ensemble de jazzmen. Je suis très éclectique, j’ai la chance d’aimer beaucoup de sortes de musique et bien sûr le jazz…
Comme dans toutes associations, il y a un trésorier à Jazz Up, c’est une trésorière avec une casquette de pianiste et de programmatrice des concerts, Patricia Rafidison.
Toute la première année, on a fait une scène ouverte et invité des musiciens qui nous ont
aidé, on a eu beaucoup de chance… Au fur et à mesure des années, on a commencé des concerts de trente, quarante personnes et maintenant, on doit être un peu plus de cent, cent-vingt avec des gens qu’on a fidélisé… Il y a des gens qui attendent ce rendez-vous tous
les mois et ils font confiance. Ils savent que si le programme est là, ils ne se posent pas de
questions. Le jazz, c’est aussi l’amour de la musique et le partage avec le public, si on ne peut pas se parler, les gens s’en vont tout de suite, on sent à la fin que s’il n’y a pas eu
d’amour, il n’y a pas d’échange.
Que se passe-t-il dans l’association en dehors de ces rendez vous ?
Il n’y a pas que des concerts, il y a des ateliers jazz dans des villas de particuliers et chaque musicien reçoit à tour de rôle des musiciens amateurs, on a une vingtaine d’élèves pour les
ateliers jazz, à peu près, tous les trois mois, ils passent en première partie d’un concert.
Cette notoriété montante vous donne-t-elle envie de recevoir une grosse pointure du jazz ?
Si vous connaissez un financier pour un tel projet, n’hésitez pas… donnez lui nos coordonnées !
Alors, amis du jazz, un petit effort, poussez jusqu’à Opio, la note bleue a su se poser là!
Pour contacter l’association Jazz Up : 06 12 16 68 47 – www.jazzup06.org