#LiveReport : Philippe Villa trio

C’est une ambiance chaude qui règne dans l’auditorium du conservatoire d’Antibes ce premier juin. Tout d’abord, ces bois qui tapissent les murs de la salle, parfait écrin pour ce concert comme pour ceux à venir. Et puis il y a cette amitié retrouvée, ce vivre ensemble que nous proposent Philippe Villa et son trio en nous égrenant les histoires de leur nouvel album, Lost in time. Suite →

Ecrit par Corinne Naidet

#LiveReport : Jazz à Junas, 22 juillet : Céline Bonacina, Perrine Mansuy, Naïssim Jalal, Sylvain Rifflet

« Laisse le bon temps rouler » quel amateur de blues, et donc de jazz, ne connait cette maxime chère à la Nouvelle Orléans ? C’est donc sans surprise que la Combe du Bon Temps, à Junas accueille depuis des années un festival renommé. Mais dans ce village, qui semble la Mecque (même si c’est le temple qui accueille les merveilleux vitraux de Daniel Humair) du genre, tout commence place de l’Avenir.

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Ecrit par Corinne Naidet

#LiveReport : Jazz à Junas : 21 juillet : Gaël Horellou, Trio Rouge, Twins

Comme chaque soirée, la musique à Junas se décline en deux lieux, trois moments. Premier concert, gratuit sur la place de l’Avenir, pardon, place Daniel Humair, puis l’on monte (discutable, certains y descendent !) dans les carrières pour y voir tomber la nuit, s’illuminer les pierres, et surtout s’imprégner du son, impeccable en tout endroit, qui magnifie la note bleue en deux sets, savamment concoctés par les organisateurs.

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Ecrit par Corinne Naidet

#JAZZ&VOYAGE Jazz Tour

Par Corinne Naidet & Jacques Lerognon

On ne va pas en Louisiane par hasard. Cet état du sud engendre chez tout amateur du jazz des images de fanfares déambulant dans les rues jusqu’au bout de la nuit, à la rythmique étincelante et bruyante, des rêves de clubs où se succèdent, all night long, des groupes talentueux composés- entre autre- des musiciens maniant le washboard, le banjo. Car on est bien ici dans le mythe, la Nouvelle Orléans étant très officiellement le lieu où naquit et prospéra le jazz. Le voyageur part, il faut bien l’avouer, avec une image d’Épinal où la communauté noire, depuis les champs de coton des anciennes plantations jusqu’aux usines polluantes actuelles, se délasse et s’éclate en improvisant une jam session sur le pas d’une maison en bois. Et quand le susdit touriste débarque à la Nouvelle Orléans, imprégné des images de Katrina et ayant dévoré tous les épisodes de la série Treme, quelle n’est pas sa surprise de voir-et d’entendre- que son imagination ne lui jouait pas des tours. Voici une visite subjective en six albums et une dizaine de lieux, de la Nouvelle Orléans jusqu’au fond des bayous pour finir dans la ville de la culture et de la musique cajun, Lafayette.

Exterieur Nuit: Commençons par le passage obligé : Bourbon Street où les prostituées côtoient les texans en goguette, plus intéressés par l’alcool et le sexe que par la musique. Pourtant, les volutes d’une bonne vielle clarinette dixieland chuinte à travers la porte entrouverte d’un club réputé. Rentrons…

Non loin, dans une petite rue perpendiculaire, un des endroits les plus fameux du French Quarter, le “Preservation Hall”. Dehors, badauds et amateurs attendent le début du prochain set, l’orchestre maison est là ce soir, le Preservation Hall Jazz Band assure toute la nuit de 18 à 22h par périodes de 45′. Leur jazz traditionnel est teinté de funk quelques peu épicé à la sauce cubaine. Charlie Gabriel (85 ans) a toujours bon pied bon œil.

Preservation Hall Jazz Band : So It Is (Legacy)

La déambulation se poursuit vers Frenchmen Street, un coin de rue, un rassemblement, un Brass Band fait l’aubade aux touristes. Trompettes, trombones et tubas invoquent les dieux du jazz et de la bière. Ambiance festive, le chapeau passe, les dollars remplissent vite la casquette Nike. Cela aurait très bien pu être, le Treme Brass Band, mais ils jouent ce soir-là, non loin, au 668 sur la scène du DBA.

Treme Brass Band: Gimme My Money Back (Arhoolie Records)

 

Il est trop tôt pour se coucher. Au cœur du quartier Marigny, le Spotted Cat nous tend les bras. Le trompettiste John Zarsky et ses Trad Stars jouent une version très pimpante de “When I’m 64” des Beatles. Un groupe jeune, sympa et rieur. Nous resterons un moment à profiter de leur jazz traditionnel des années 20-40 qu’ils préfèrent malicieusement nommer “Archaic Pop”. C’est sur le chorus de banjo de “Suck My Dixieland” que l’on se fond dans la nuit.

The Trad Stars “One Night Only” (Bandcamp) 

Extérieur Jour: La Royal Street est piétonne, des bars, des restaurants, des échoppes.  Et des musiciens. Place au blues traditionnel ou presque. Un washboard, une guitare resonator, un ampli. Des reprises, des compos. On s’arrête, on écoute, on repart puis on revient, un air connu. Non, juste le plaisir. Dans le flight case, des CD autoproduits, des billets de 1$.

Brad the Washboardist  (Youtube)

Interieur Jour: C’est l’heure d’un petit rafraichissement. Au Bamboola’s, cocktails express. Mark Rubin, un mandoliniste et un guitariste Chip Wilson, égrainent des complaintes entre blues et country. Mais le battement de pied est bel et bien swing. Mark raconte qu’il peut fait jusqu’à sept sets par jour pour gagner de quoi subsister. Il ne dédaigne pas, certains soirs, sortir son tuba pour jouer du ragtime ou dans un orchestre Klezmer. C’est aussi ça la Nouvelle Orléans.

Mark Rubin Jew of Oklahoma: Southern Discomfort (Rubinchik Recordings)

Quittons la ville pour le nord, les bayous. Rythme de vie apaisé. Un groupe de blues rock répète en plein après-midi dans un troquet sombre. Plus tard, autour d’une assiette d’alligator sauce piquante, soirée dance. Octogénaires endimanchés exécutent de belles passes de rock au son du petit orchestre local.

Enfin Lafayette et une “songwriters night” :  chacun teste ses compos devant un public bienveillant. Changement d’atmosphère, non loin. La Blue Bayou Jam Session. Jusqu’à 15 musiciens sur la petite scène extérieure. Les anciens accueillent les plus jeunes avec leur mandoline, violon ou simple paire de cuillères. L’accordéon diatonique en Do mène la danse, du cajun, de la zydeco mais aussi et en français, une petite bourrée.

Jamie Bergeron & The Kickin’ Cajuns: Your New CD! (KC Entertainment)

Laisse le bon son rouler!

 

Ecrit par Corinne Naidet

#JAZZ&HISTOIRE Du silence à la résistance

Jazz & Histoire

Du silence à la résistance

Par Corinne Naidet

« Le Jazz ici en Allemagne c’est devenu pire  qu’un virus ». Ainsi s’exprime un des musiciens qui doit fuir l’Allemagne en 1939 dans le roman “3minutes 33 secondes”. Titre qui correspond au temps d’enregistrement d’un morceau de Chip Jones et Sid Griffiths, deux Américains qui rejoindront les États-Unis tandis que le troisième musicien, Hiéro Falk, le môme,  métis allemand, était arrêté à Paris puis déporté. Des années plus tard, alors que Chip et Sid reviennent en Europe pour assister à un film en hommage à Hiéro, le premier annonce au second que leur ami n’est pas mort en déportation mais les attend, chez lui, au fin fond de la Pologne. Commence un long voyage à travers le temps; Sid revivant les derniers mois en Allemagne, leur fuite à Paris, leur errance. Mais surtout les trahisons, les lâchetés de certains en ces temps délétères. Les moments de grâce aussi, leur rencontre avec Louis Armstrong dans la capitale française au moment de la drôle de guerre. Et puis la musique et le talent du môme, Hiéro quand il soufflait dans sa trompette.  « La musique aurait retenti comme une sirène de navire qui sonne au large dure, brillante, claire. Le môme, putain, il la rendait trouble, en faisant passer les notes pas seulement par-dessus les mers, mais aussi à travers la terre. ». En 1940, Hiéro se tut.

Les protagonistes de ce roman sont fictifs mais ils nous permettent d’évoquer ce qu’il advint du jazz sous le national-socialisme. Dés l’automne 1935, Eugen Hadamnovsky, directeur de la radiodiffusion allemande bannissait totalement tout ce qui pouvait ressembler à ces “musiques de nègres ou de juifs”. La culture nazie -oxymore ?- se devait d’éliminer toute trace de métissage, tout art dégénéré, lorsque celui-ci était issu de races impures ou  du “bolchevisme musical”.  En 1937 fut organisé le salon des arts dégénérés à Munich : des milliers de toiles furent ainsi décrochées des musées et certaines furent exposées afin de montrer  ” La souillure de l’étranger” de l’art moderne. Une année plus tard se tiendra à Düsseldorf le salon des musiques dégénérées : là où la cadence, l’ordre des musiques officielles résonne avec les marches lors des défilés ou des exécutions dans les camps de concentration, le swing et les improvisations ne sont qu’une dégénérescence de cet art. L’affiche de cette exposition montre un saxophoniste noir porteur de l’étoile jaune : c’est un détournement avilissant de l’opéra jazz d’Ernst Krenek, Jonny spielt auf, créé dans les années 20. Wilhelm Furtwängler, promoteur de la musique officielle nazie se plaisait à dire : « Il y a dans la musique des choses qui ont une valeur éternelle. Il y a un fossé entre elles et la musique de jazz. » Conséquence immédiate, les compositeurs et interprètes de ces courants musicaux se virent très vite privés de moyens d’expression et donc d’existence. Beaucoup n’eurent d’issue que le suicide.  A la censure suivront les arrestations et les déportations. Ainsi Martin Roman, pianiste de jazz, est enfermé à Theresienstadt, où il est contraint de jouer dans un film montrant les Ghettos Swingers, ou comment les prisonniers pouvaient se distraire dans ce camp de la mort. Avec d’autres artistes, ils furent ensuite emmenés à Auschwitz. Il survécut, contrairement aux autres, exécutés dès l’arrivée au camp.

D’un autre côté, à Berlin comme dans toutes les autres grandes villes, en particulier à Hambourg, “les swings kids” font de la résistance. Ainsi que les zazous, en France, une forme de résistance apparait : on organise des concerts dans des caves, ou même dans la rue et des guetteurs préviennent les participants et les musiciens de l’arrivée de la Gestapo. Cela parait dérisoire, mais certains d’entre eux s’engageront ensuite plus politiquement dans des mouvements comme la Rose blanche de Hambourg, s’opposant ouvertement à Hitler. A l’époque, détourner “Sieg Heil” en “Swing Heil “, c’était déjà un acte héroïque. Le jazz représenta donc un symbole important comme l’explique le tromboniste Albert Mangelsdorff : « Le jazz n’était pas seulement pour nous un symbole de joie de vivre. Le jazz symbolisait la liberté, et représentait donc le contraire de ce qui nous dominait. Les gens qui ne voulaient rien avoir à faire avec les nazis se sont, disons, réfugiés dans le jazz. »

Sources bibliographiques :

3minutes 33 secondes, Esi Edugyan, Liana Levi, 2013.

Le nazisme et la musique dégénérée, espritsnomades.com

Des antinazis méconnus, la jeunesse swing, Jean Luc Bellanger, Le patriote résistant, mars 2017.

Ecrit par Corinne Naidet

#JAZZ&LITTERATURE Jazz à Mort

 

Jazz à mort par Corinne Naidet
Les personnages de ce recueil de nouvelles s’appellent Albert Ayler, Art Pepper, Billie Holiday, mais aussi Rodney King, Rosa Parks ou bien encore Jean Michel Basquiat. Des instantanés dans les vies tourmentées, cabossées de quelques musiciens, quelques artistes souvent obligés de dealer, de braquer afin de se payer la came. Ainsi Pepper pris la main dans le sac par un flic, qui finira par lui donner un billet parce que Chili Pepper était son album favori. On y croise la Dame aux gardénias, fleur bien flétrie à l’hôpital, sur les draps sales d’un hosto à Harlem. Une lumière souffreteuse, la nuit opaque, et les chevaux de la mort piaffant derrière la porte. Quelques pages plus loin, Thelonious Monk écoute passer le temps pendant que deux jeunes cambriolent la maison où il vit, survit. À l’écoute de Ruby, My Dear, ils suspendront leur vol. Dans Marvin et Rosa, le jeune trompettiste Marvin est assis dans le bus où Rosa Parks ne cédera pas sa place. Est-ce pour cela que le musicien (Marvin Stamm ? effectivement originaire de Memphis, il pouvait se trouver dans un bus en 1955) pourra  “inventer tout le reste, la musique dans la tête” ? Marc Villard nous laisse improviser sur ces tranches de vie. L’on est certes dans l’intimité des jazzmen, mais l’auteur n’oublie pour autant pas la société alentour, et la condition miséreuse de la communauté noire aux États-Unis particulièrement à l’avènement du be-bop ou du free.
Quelques pages suffisent à l’écrivain pour nous plonger dans l’ambiance glauque des quartiers de Harlem, Los Angeles ou encore Tijuana. Ses références sont multiples et il s’amuse à faire se rencontrer, se croiser anonymes et artistes, putes, musiciens, arnaqueurs. L’espoir est mince, la chute est proche et le monde est moche. Il reste les moments hors du temps, quand, par exemple, après le meurtre de son père, Le jeune Théo peut avancer avec allégresse vers l’indépendance des quatre membres, cela aide quand on veut tâter de la batterie. Ou bien encore Albert Ayler jouant à la Fondation Maeght à St Paul de Vence, le lendemain dans un camping du coin. “Les mecs en short, les nanas en bikini et Al, complètement parti avec son biniou. “
Réalité, fiction, on s’en moque; avec ces récits, l’on plonge “dans une contrée inaccessible aux mortels.”Si tu vois ma mère, Marc Villard, Cohen & Cohen, 2017

Ecrit par Corinne Naidet

#JAZZet #POLAR “La loi de Murphy”

On le sait, Bird est le surnom de Charlie Parker. C’est aussi le prénom du personnage principal d’un formidable roman d’Eric Miles Williamson, Bienvenue à Oakland, paru chez Fayard Noir, il y a quelques années. T. Bird Murphy a choisi de vivre dans un trou, au fond d’un box. Suite →

Ecrit par Corinne Naidet
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